Emprunté aussi à la bibli de Villeneuve un ouvrage d’érudition locale, Les «fiés» du canton de Loulay : recherche, implantation et essai d’analyse toponymique, réalisé par un certain Groupe Sauve-Mémoire, sous la direction de James Baillarguet. C’est une brochure d’environ 80 pages de format A4 non numérotées, sans date de publication, nous dirons circa 2000. Les fiés sont les fiefs, soit les lieux-dits, et ce mémoire est un dictionnaire où sont relevés dans l’ordre alphabétique tous les lieux-dits des quinze communes du canton. On indique pour chacun la commune où il est situé, la localisation dans la commune, et une tentative d’étymologie. L’entreprise est valable mais on est loin d’avoir tout éclairci et la toponymie locale conserve une bonne part de son mystère. Dans bien des cas on avoue n’avoir aucune idée de ce que le nom du lieu veut dire, dans bien d’autres on se contente d’avancer une hypothèse plausible mais incertaine. Pour le lieu-dit Volebière, ainsi désigné sur la carte de l’IGN, ailleurs nommé Vorebère ou Volbert, où se trouvent deux de mes parcelles de bois, on déclare juste Origine obscure. Mais ces bonnes pages sont pleines d’enseignements sur le parler local. J’apprends ainsi que dans le coin, un péré est un empierrement, une touche est un bouquet d’arbres, un coupis est un taillis, une chaume est une friche, etc. La laigne ou leigne est le bois à brûler, ce qui rappelle la leña espagnole et la lenha portugaise (voir aussi les mots ligneux, lignite, et près de chez moi le hameau de la Lignate). A propos d’un certain Chemin de la Perche, situé à Saint-Martial, les rédacteurs supposent qu’il s’agissait d’un chemin large d’une perche, laquelle serait longue de 18 pieds, soit «environ 6 mètres», largeur permettant à des chariots de se croiser. Si la perche de six mètres vaut dix-huit pieds, cela met le pied à 33 centimètres. Je lis ailleurs, dans le Wiktionnaire, qu’une perche carrée serait un centième d’arpent. Voyons voir. Si un hectare est une surface de 100 x 100 = 10.000 mètres carrés, et si, comme je crois savoir, un arpent couvre un demi-hectare, soit 5000 mètres carrés, alors le centième d’arpent correspond à 50 mètres carrés, ce qui met la perche dans les sept mètres, puisque 7 x 7 = 49, et cela donne une perche de 21 pieds au lieu de 18. Bon. Disons qu’une perche fait une vingtaine de pieds. Ces anciennes mesures sont presque aussi incertaines que le sens des noms de lieux.
Fieffés fiés !
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