samedi 2 novembre 2024

Trump

L’assortiment de nouvelles que me présentent chaque matin Google News et Google Actualités donne une idée assez claire du parti pris des journalistes. Cela permet aussi de mesurer le fossé entre cette corporation, à 95 % anti-Trump, et l’électorat général, qui ne l’est qu’à environ 50 %. On peut faire le même constat à chaque élection américaine : quand le candidat démocrate l’emporte, c’est avec les médias («Les journalistes ont encore gagné les élections!»), quand le républicain l’emporte, c’est malgré les médias. Plus encore quand le républicain en question est un olibrius comme Donald Trump, qui a le don d’inspirer dans le camp adverse une haine hystérique (ce que l’on a plaisamment qualifié de Trump derangement syndrome). D’aucuns le comparent sans blaguer à Hitler (le diable absolu) et considèrent que le vote pro-Trump ne peut s’expliquer que par le crétinisme, l’aveuglement ou la démence (je n’exagère pas, je l’ai lu). La rage anti-Trump s’auto-alimente : si les journaux lui dégueulent dessus à jet continu, c’est bien qu’il a tous les défauts, et s’il subit un harcèlement judiciaire sans précédent, c’est bien qu’il est coupable de tous les crimes (même si la plupart des accusations finissent par s’avérer sans fondement et aboutissent à des non-lieux). Je ne crois pas qu’il soit un ange, ni qu’il soit si mauvais homme. Pour le plaisir de consterner mes amis humanistes, je dirais que l’on peut même voir des qualités aristocratiques dans sa stature, son maintien, son autorité, son aisance. En tout cas il est brillant : beau parleur, grand tribun, plein d’énergie, doué pour les affaires (il ne suffit pas d’hériter, il faut maintenir et gérer). J’aimais bien son principe de réaliser ses chantiers autant que possible Under budget and ahead of schedule (pour moins cher et plus rapidement que prévu). Ce n’est pas un intellectuel mais il n’est pas sot, surtout comparé à son actuelle rivale Kamala : au moins sait-il former des phrases avec un sujet, un verbe et un complément, alors que la pauvre dinde a l’air d’exceller surtout dans le bredouillis et le ricanement. Il ne manque pas d’humour : on en a mille exemples, je retiens en particulier son discours d’octobre 2016 au Al Smith charity dinner, chef d’œuvre de subtilité aigre-douce. Enfin je crois que paradoxalement, une des raisons de sa popularité chez les humbles est sa grande richesse : un homme aussi riche ne fait pas de la politique pour s’enrichir, cela lui a de tout temps coûté plus que rapporté, il a largement les moyens d’agir selon ses idées, et accessoirement d’être généreux, par exemple en offrant son salaire de président à des œuvres sociales. Mon analyse est que si Trump est à ce point haï par l’établissement, c’est en vérité parce qu’il défend ces deux idées-forces, qu’il partage avec les «populistes» européens : la place des criminels est en prison et les frontières doivent être contrôlées. Ses adversaires voient sa possible réélection comme une catastrophe anti-démocratique et dépeignent volontiers son mandat de 2016-2020 sous les couleurs les plus sombres, alors que ce fut semble-t-il un des plus paisibles et des plus prospères de l’histoire du pays. Ce ne fut sûrement pas la tyrannie apocalyptique que certains prétendent, ou alors il faut demander : où sont les charniers ? où sont les journalistes persécutés ayant dû fuir le pays ? Ce qui me frappe au contraire, quand je repense à cette période, c’est de constater à quel point le pseudo-tyran s’est révélé mou du genou : il a été incapable de terminer le mur qu’il se vantait de construire, et il est resté les bras ballants lors des émeutes de 2020, quand les antifas et les blm ont incendié et saccagé tous les centres-villes du pays. Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu’il fasse mieux, s’il est réélu, mais c'est une autre histoire...

(Je dédie cette note polémique à Jean R et à Vincent P, en espérant qu'ils me pardonnent et restent mes amis).

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire