samedi 30 novembre 2024

Trump

Les avis que je recueille, en privé comme en ligne, me donnent l’impression que l’opinion publique française est à la quasi unanimité anti-Trump, je dirais à 90 ou 95 %. Par contraste, l’électorat américain s’est prononcé récemment à plus de 50 % en faveur de Donald Trump. La différence entre les deux populations est que la française connaît (ou croit connaître) Trump essentiellement d’après ce que lui en disent les journalistes, lesquels (comme par hasard) sont eux-mêmes quasi unanimement anti-Trump, alors que les Américains connaissent bien mieux celui qui est leur compatriote, et qui a d’ailleurs déjà été leur président. Cet écart flagrant me paraît significatif de l’influence énorme des médias sur l’opinion, surtout dans les domaines où le public dépend principalement desdits médias pour s’informer. La médiaterie a été cette fois-ci incapable d’empêcher l’élection du candidat qu’elle haïssait, mais elle ne désarme pas. Le malheureux n’a pas encore pris ses fonctions, qu’il faut déjà accabler toutes ses décisions. Le grand thème en ce moment est le choix des futurs ministres de Trump, lesquels, selon la presse, sont tous des idiots fous-furieux malhonnêtes et incompétents (à la différence des lumières qui ont officié sous Bidaine : les Kamala, Buttigieg, «Rachel» Levine et consorts). Le cas d’Elon Musk est embêtant, vu qu’il est difficile de le présenter comme un demeuré. Mais il suffit de parcourir un peu la presse pour voir qu’il est devenu une cible à salir. A mon avis on ne devrait pas tarder à apprendre qu’il est coupable de trafic d’organes par effraction ou de terrorisme en état d’ivresse. Ou du moins qu’on en a de forts soupçons, hein.

mercredi 27 novembre 2024

Sarduy

    Malgré toute mon estime pour les Ediciones Universal, créées à Miami par des exilés cubains, je dois m’avouer déçu par le mince volume, que je viens de parcourir, des Epitafios, Imitación, Aforismos, qu’elles ont publié en 1994, un an après la mort de l’auteur, Severo Sarduy. Ce petit livre sent la gonflette : dos carré mais moins de cent pages, beaucoup d’espace blanc, des dessins. Lesdites Epitaphes : sept brefs poèmes, l’Imitation : trois pages de petites strophes, quant aux Aphorismes il y en a un par page et ils sont au nombre de huit, ce qui n’est pas une quantité massive, et leur qualité n’a rien de bouleversant. Pour faire bonne mesure, on a rempli le reste de l’ouvrage avec deux études consacrées à l’écrivain, dont j’ai bien aimé la première, La persona Severo Sarduy, un témoignage biographique par son amie Concepción Teresa Alzola. 

mardi 26 novembre 2024

Bryce

J’ai passé une bonne heure à feuilleter les Aforismos : dichos, dichas y desdichas, de l’intellectuel péruvien Alfredo Bryce Echenique (Lima : Peisa, 2016). A vrai dire le titre abuse un peu, il s’agit d’un recueil de simples fragments extraits des œuvres de l’auteur, fragments dont la plupart n’ont pas vraiment la teneur d’aphorismes. A priori rien ne m’attirait dans la personnalité de cet écrivain professoral, typique bourge sud-américain de gauche, et en effet ce recueil m’a paru bien fade, c’est une collection de platitudes auto-satisfaites, sans saveur particulière. Pour ne rien arranger, l’ouvrage est affligé de négligences, ma visite hâtive m’a suffi à repérer aux moins deux citations reproduites en double, une à propos d’Albert Camus p 81 et 197, une autre à propos de Vargas Llosa répétée sur la seule page 98. Bon, allons voir ailleurs.

lundi 25 novembre 2024

Cecilia

De passage à Pessac et d’humeur optimiste, j’ai emprunté l’autre jour une quinzaine de livres à l’université. La plupart repérés en cherchant dans le catalogue le mot du titre Aforismos. Mais aussi quelques autres, dont deux volumes des Crônicas de viagem de la poétesse brésilienne Cecília Meireles (1901-1964). Ce sont des recueils dans lesquels on a réuni posthumément des textes en prose écrits à l’occasion de voyages en Europe (France, Espagne, Portugal, Italie, Belgique, Hollande) et en Orient (Israël, Inde). La plupart ont paru comme articles dans des quotidiens brésiliens au cours des années 50. Je n’ai pas bien le temps de lire ces ouvrages mais j’étais curieux de les feuilleter pour retrouver un moment l’esprit de cette écrivaine qui m’est chère. (Ma traduction de ses Nocturnes de Hollande n’a intéressé quasiment personne, mais c’est un de mes travaux auquel je suis le plus attaché). J’ai remarqué dans le volume 2 (Nova Fronteira, 1999) deux belles pages (147-148) sur la Luz da Holanda, la lumière de la Hollande («Qui a tenu entre ses mains cette lumière sait pourquoi la Hollande a produit tant de peintres...»). Dans le volume 3 (idem, 2000) deux autres pages (82-83) m’entrainent à la rêverie en me révélant qu’une fois, la poétesse et moi nous fûmes plus proches l’un de l’autre que je n‘aurais imaginé. En octobre 1956, elle descend de Paris à Biarritz, en voiture semble-t-il. Elle ne précise pas son itinéraire mais cite la Loire, Angers, puis Bordeaux, ce qui laisse supposer un passage par les Charentes. Un futur fan de ses vers était alors nouveau-né dans le pays...

dimanche 24 novembre 2024

pluralisme

    J’ai évoqué le mois dernier l’interrogatoire auquel une Commission d’enquête a soumis les responsables de la chaine CNews en février. Vu le ton sévère de certains propos, il apparaissait que la commission parlementaire, officiellement chargée de veiller au pluralisme des opinions exprimées à la télévision, était officieusement chargée de veiller à ce qu’aucun pluralisme ne soit permis sur certaines questions. Nous pouvons maintenant constater à quel point l’Inquisition humaniste ne rigole pas : l’Arcom, « Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique », soit l’organe de flicage médiatique, vient de condamner CNews à une amende parce qu’une émission catho s’était rendue coupable de blasphème en présentant l’avortement comme un meurtre. Une amende de cent mille euros. Pas moins. En France on a la liberté d’opinion mais sur certains sujets ça coûte 100.000 euros. Les journalistes ont le droit de présenter Donald Trump comme la réincarnation de Hitler, le droit de changer les prénoms dans les reportages de faits divers, le droit de faire passer les pailles pour des poutres et les poutres pour des pailles à longueur de journée, mais sur certains sujets il ne faut pas déconner, sinon c’est cent mille euros. Pourquoi au juste cent mille, pourquoi pas un million ou dix millions tant qu’à faire, on l’ignore mais c’est comme ça. La liberté ça va un moment mais faut pas pousser.

jeudi 21 novembre 2024

verbes

    L’alternative anglaise des verbes To do et To make me fait penser à l’alternative espagnole des verbes Ser et Estar. Usage spontané pour les locuteurs de langue maternelle, apprentissage laborieux pour les allophones.

mercredi 20 novembre 2024

Péquenaude

    Le peu qu’on m’avait dit de Juliette Rousseau, fémino-zadiste d’Attac, aurait dû suffire à m’inquiéter, malgré quoi j’étais attiré par son livre Péquenaude (Editions Cambourakis, 2024), recueil de fragments d’une ou deux pages, parfois seulement quelques lignes, tenant du poème en prose. L’auteur y médite sur ses racines rurales et le devenir de la campagne, entre autobiographie et idéologie. Il y a dans les premières pages une image prometteuse où Juliette, « les seins lâchés sous un vieux pull », faits des grands moulinets avec un merlin, mais elle ne sait pas s’en servir et « rate souvent (sa) cible ». Hélas elle ne fait pas mieux avec le stylo et ce long brouillon m’a vite refroidi. Cela va du morne à l’obscur et ce que j’en ai lu était sans intérêt. Il apparaît en fin de volume, dans une longue page de remerciements, que l’auteur a reçu pour ce chef d’œuvre le soutien du Centre national du Livre, sans plus de précision. Je ne suis pas loin de penser que ce genre de parasite, qui crache volontiers sur la société mais pas sur l’argent du contribuable, la société ferait mieux de lui donner des baffes, plutôt que des subventions. Cela rendrait le monde un petit peu plus juste.

mardi 19 novembre 2024

monochromes

Il y avait brocante à Loulay ce dimanche. J’y suis allé flâner en début d’après-midi, pas avant car j’ai de plus en plus de mal à m’habiller tôt si je n’y suis contraint, je passe volontiers la matinée en robe de chambre. La brocante de Loulay est toujours tardive, elle marque la fin de la saison dans la contrée. Je l’ai connue glaciale, cette fois il ne faisait pas trop froid et le ciel était couvert sans qu’il pleuve. Je ne cherchais rien de spécial mais je songeais que ce pourrait être une occasion de me procurer de ces petits objets monochromes avec lesquels j’ai entrepris de remplir six pots, un projet qui n’a pas beaucoup avancé ces derniers mois (voir au 8 février). Je me suis arrêté pour fouiller une première caisse de jouets en plastique dans l’étalage d’un vieil homme, qui se tenait un peu à l’écart. En fait il y a peu de jouets monochromes, la plupart sont polychromes, au moins bichromes. Souvent les monochromes sont les plus petits, ce qui est fort bien pour entrer dans mes bocaux. Quand j’ai eu trouvé une demi-douzaine d’animaux et de petits soldats, je suis allé les montrer au marchand dans ma main ouverte, en lui demandant combien cela ferait. Il s’est approché et a doucement replié mes doigts, refermant ma main sur le butin, en me disant C’est un cadeau. J’ai été touché de ce geste aimable, et qui s’est avéré de bon augure, car ensuite un autre vendeur m’a fait grâce, et un autre m’a laissé payer ce que je voulais. A vrai dire ces menues marchandises ne pouvaient coûter bien cher. J’ai aussi volé une poignée de figurines à un marchand absent, que j’ai attendu un moment, puis que j’ai renoncé à attendre. Enfin j’ai pu réaliser un joli safari. Aucun objet noir ni aucun bleu, mais de mémoire six blancs, six jaunes, six verts et trois rouges, sauf erreur. Des petits chevaux, des moutons, des dinosaures, des guerriers. J’ai aussi acheté quatre beaux oignons. Je ne me suis pas déplacé pour rien.

lundi 18 novembre 2024

dimanche 17 novembre 2024

culture

    Affirmer, comme le font certains et surtout certaines, parce que des viols sont commis, qu’il existe en France une culture du viol, me paraît aussi malin que le serait d’affirmer, parce que des cambriolages sont commis, qu’il existe une culture du cambriolage.

mercredi 13 novembre 2024

Isidore

    L’autre soir j’ai créé ma vingt-quatrième notice dans Wikipédia, celle-ci consacrée à Hubert Bécheau, aka Isidore Krapo, artiste bordelais et figure locale.

mardi 12 novembre 2024

précisions

    Quelques précisions sur ma note d’hier, au sujet des femmes et de la maçonnerie. Mon propos n’est pas de me moquer des femmes mais d’exprimer ma perplexité devant l’égalitarisme féministe, qui me semble illusoire. Il paraît que la part des femmes travaillant dans le BTP progresse, atteignant des 12 %, la belle affaire. Encore faut-il préciser que 95 % de ces 12 % consiste en postes administratifs. A mon avis ce n’est pas demain qu’on aura la parité chez les maçons, les couvreurs, ou les marins-pêcheurs. Ni chez les nourrices. Quelle importance ? Il y a des métiers qui requièrent une grande force physique, et si les hommes en ont généralement plus que les femmes, ce n’est pas à cause des préjugés mais parce que la vie est ainsi faite. Ce ne sont pas seulement des métiers d’hommes mais des métiers d’hommes costauds, dont je serais personnellement incapable. Si des femmes ont envie de s’emmerder à les pratiquer, et si des employeurs trouvent rentable de les employer, grand bien leur fasse. Pour ma part je ne juge pas de la valeur des êtres à leur force physique, sans quoi il faudrait mettre les bœufs au-dessus des hommes. Or la force des boeufs n'empêche qu'ils soient gouvernés par les hommes, comme souvent les hommes par les femmes.

lundi 11 novembre 2024

parité

    Il me semble que les féministes ne se bousculent pas pour obtenir la parité dans le métier de la maçonnerie. Ou alors c'est juste une impression.

samedi 9 novembre 2024

communiqué


Je signale à mes lecteurs et lectrices des environs que je participerai à cette manifestation ce soir à Doeuil sur le Mignon.
J'y lirai une page de mon journal.

jeudi 7 novembre 2024

Finkielkraut

    J’ai lu par endroits ce livre de boite, L’imparfait du présent, d’Alain Finkielkraut (Gallimard, 2002). Comme indique le sous-titre, c’est un recueil de «pièces brèves», datées, longues d’une à quelques pages, rédigées au fil de l’année 2001. J’ ai voulu regarder dans ce livre parce que j’ai gardé de l’estime pour ce polémiste, ayant été jadis un fidèle de ses Répliques du samedi matin sur France Culture, et depuis que je n’écoute plus cette radio j’ai suivi de loin en loin ses interventions dans le débat public, souvent à rebrousse-poil de la bien-pensance. Dans ce livre par exemple j’ai apprécié qu’il prenne (les 23 et 25 janvier) la défense de Maurice Papon, non pour le disculper mais pour rappeler qu’il a été blanchi d’une bonne part des accusations portées contre lui, ayant été reconnu coupable de «complicité de crime contre l’humanité» mais sans intention homicide, et pour protester contre les vengeurs fanatiques qui refusaient de le laisser sortir de prison alors qu’il était âgé de 91 ans. Finkiel a le sens de la formule et j’aimerais citer ce passage : «... le temps est révolu où on n’aimait pas les Juifs. On a changé d’avis. On fustige l’Inquisition. On condamne les pogroms. On réprouve les ghettos. On est résolument dreyfusard. On est tous des juifs allemands. On déteste les nazis. On méprise les collabos. On combat sans mollir l’antisémitisme, le racisme, l’exclusion. Et ce "on" qui croit déplaire à tout le monde, alors qu’il est tout le monde ...» De même un peu plus loin, le 15 février, il s’insurge avec discernement contre le lynchage médiatique dont est victime Renaud Camus, hâtivement accusé d’antisémitisme. Il ne manque d’ailleurs pas de thèmes camusiens, ce recueil de notes dont l'auteur fustige les progrès de la «langue avachie» (30 mai) et se déclare «allergique au bruit» (21 juillet). Je retrouve un écho de Berlin au 30 juillet dans l’évocation de la Love Parade qui se tient paraît-il chaque année au Tiergarten et dans laquelle le bruit de la musique techno est tel qu’on retrouve le lendemain quantité de petits animaux (lapins, écureuils, crapauds) morts ou restés sourds, les tympans crevés. Des souvenirs plus anciens me reviennent avec la note du 22 août consacrée à critiquer le sociologue Didier Lapeyronnie. Finkielkraut épingle cette déclaration typiquement de gauche : «On est dans une société ségrégative où il y a peu de lieux où les différentes couches de la population cohabitent. Les jeunes sortent peu de la banlieue et quand ils le font, c’est souvent en groupe, en important leur mode de sociabilité et leur culture de provocation turbulente là où ils vont.» L’écrivain voit en particulier dans cette formule de la «culture de provocation turbulente» une «périphrase lénifiante» pour qualifier en fait «la triste réalité des pieds sur la banquette ... les incendies d’écoles maternelles, la terreur exercée sur les voisins indociles ou les agressions contre les médecins». Pour moi, Lapeyronnie n’était pas seulement un de ces "experts" que les médias invitent volontiers à exposer leurs conceptions plus partisanes que scientifiques (je l’avais entendu une paire de fois à la radio), c’était un contemporain né la même année que moi et nous avons été au moins une année camarades de classe et même voisins de pupitre à Bergerac, je ne sais plus si c’était à l’école ou déjà au collège. Un garçon sérieux et bon élève, dont je n’ai pas beaucoup de souvenirs, l'ayant assez vite perdu de vue. Je me souviens d’une fois, était-ce encore au temps du lycée ou déjà à l’âge de la fac, où par le hasard de copains de copains je m’étais retrouvé dans une chambre où il exposait avec fierté sa collection des œuvres complètes de Sartre en format de poche, étalées sur le sol en arc de cercle. Ça m’en avait bouché un coin, à l’époque. Quand j’ai appris qu’il était mort, en 2020, je ne sais de quoi, ça m’a fait un pincement, malgré l’éloignement...

pls

    Bon. Je ne veux pas accabler mon lectorat humaniste, mais je ne veux pas non plus me cacher derrière mon petit doigt : j’était hier de très bonne humeur. L’homme que ses gentils opposants n’ont pas réussi à assassiner est largement réélu, et la gauche mondiale est en pls. On ne peut pas toujours se plaindre.

    (Quelques memes amusants pour se détendre : ici, ici, et ).

mercredi 6 novembre 2024

utile

    Il ne faut pas voir que les mauvais côtés. Après tout, ils font aussi œuvre utile, ces malfrats qui s’entretuent à tous les coins de rue...

samedi 2 novembre 2024

Trump

L’assortiment de nouvelles que me présentent chaque matin Google News et Google Actualités donne une idée assez claire du parti pris des journalistes. Cela permet aussi de mesurer le fossé entre cette corporation, à 95 % anti-Trump, et l’électorat général, qui ne l’est qu’à environ 50 %. On peut faire le même constat à chaque élection américaine : quand le candidat démocrate l’emporte, c’est avec les médias («Les journalistes ont encore gagné les élections!»), quand le républicain l’emporte, c’est malgré les médias. Plus encore quand le républicain en question est un olibrius comme Donald Trump, qui a le don d’inspirer dans le camp adverse une haine hystérique (ce que l’on a plaisamment qualifié de Trump derangement syndrome). D’aucuns le comparent sans blaguer à Hitler (le diable absolu) et considèrent que le vote pro-Trump ne peut s’expliquer que par le crétinisme, l’aveuglement ou la démence (je n’exagère pas, je l’ai lu). La rage anti-Trump s’auto-alimente : si les journaux lui dégueulent dessus à jet continu, c’est bien qu’il a tous les défauts, et s’il subit un harcèlement judiciaire sans précédent, c’est bien qu’il est coupable de tous les crimes (même si la plupart des accusations finissent par s’avérer sans fondement et aboutissent à des non-lieux). Je ne crois pas qu’il soit un ange, ni qu’il soit si mauvais homme. Pour le plaisir de consterner mes amis humanistes, je dirais que l’on peut même voir des qualités aristocratiques dans sa stature, son maintien, son autorité, son aisance. En tout cas il est brillant : beau parleur, grand tribun, plein d’énergie, doué pour les affaires (il ne suffit pas d’hériter, il faut maintenir et gérer). J’aimais bien son principe de réaliser ses chantiers autant que possible Under budget and ahead of schedule (pour moins cher et plus rapidement que prévu). Ce n’est pas un intellectuel mais il n’est pas sot, surtout comparé à son actuelle rivale Kamala : au moins sait-il former des phrases avec un sujet, un verbe et un complément, alors que la pauvre dinde a l’air d’exceller surtout dans le bredouillis et le ricanement. Il ne manque pas d’humour : on en a mille exemples, je retiens en particulier son discours d’octobre 2016 au Al Smith charity dinner, chef d’œuvre de subtilité aigre-douce. Enfin je crois que paradoxalement, une des raisons de sa popularité chez les humbles est sa grande richesse : un homme aussi riche ne fait pas de la politique pour s’enrichir, cela lui a de tout temps coûté plus que rapporté, il a largement les moyens d’agir selon ses idées, et accessoirement d’être généreux, par exemple en offrant son salaire de président à des œuvres sociales. Mon analyse est que si Trump est à ce point haï par l’établissement, c’est en vérité parce qu’il défend ces deux idées-forces, qu’il partage avec les «populistes» européens : la place des criminels est en prison et les frontières doivent être contrôlées. Ses adversaires voient sa possible réélection comme une catastrophe anti-démocratique et dépeignent volontiers son mandat de 2016-2020 sous les couleurs les plus sombres, alors que ce fut semble-t-il un des plus paisibles et des plus prospères de l’histoire du pays. Ce ne fut sûrement pas la tyrannie apocalyptique que certains prétendent, ou alors il faut demander : où sont les charniers ? où sont les journalistes persécutés ayant dû fuir le pays ? Ce qui me frappe au contraire, quand je repense à cette période, c’est de constater à quel point le pseudo-tyran s’est révélé mou du genou : il a été incapable de terminer le mur qu’il se vantait de construire, et il est resté les bras ballants lors des émeutes de 2020, quand les antifas et les blm ont incendié et saccagé tous les centres-villes du pays. Je ne suis d'ailleurs pas sûr qu’il fasse mieux, s’il est réélu, mais c'est une autre histoire...

(Je dédie cette note polémique à Jean R et à Vincent P, en espérant qu'ils me pardonnent et restent mes amis).