Le blog littéraire et agricole de Philippe Billé. Des notes de lecture, et des notes du reste.
mardi 16 septembre 2025
explication
lundi 15 septembre 2025
âge
samedi 13 septembre 2025
Elon
J'ai vu sur internet cette pensée attribuée à Elon Musk : They don't ban hate speech, they ban speech they hate (Ils ne censurent pas le discours de haine, ils censurent le discours qu'ils haïssent). Je ne sais si la citation est véridique, mais c'est bien vu et bien tourné.
jeudi 11 septembre 2025
Auguste
mercredi 10 septembre 2025
Lanton
dimanche 7 septembre 2025
merveilles
jeudi 4 septembre 2025
Mao
lundi 1 septembre 2025
esds
dimanche 31 août 2025
peuple
jeudi 28 août 2025
cornouillers
mercredi 27 août 2025
mardi 26 août 2025
Knivet
lundi 25 août 2025
Ukrainiens
dimanche 24 août 2025
chemises
samedi 23 août 2025
asinerie
vendredi 22 août 2025
robots
Ce qui m'impressionne, chez les robots humanoïdes, plus encore que leur habileté, c'est leur incroyable laideur.
mercredi 20 août 2025
cartes
mardi 19 août 2025
août
dimanche 17 août 2025
haine
samedi 16 août 2025
ménoures
vendredi 15 août 2025
double
jeudi 14 août 2025
musique
lundi 11 août 2025
Taussat
samedi 9 août 2025
bétail
vendredi 8 août 2025
biodiversité
jeudi 7 août 2025
cryptos
Alexandrin commercial, et un brin ésotérique, vu dans une pub : À chacun sa façon de trader les cryptos.
mercredi 6 août 2025
falaise
mardi 5 août 2025
rencontres
lundi 4 août 2025
brocante
samedi 2 août 2025
baleines
DES BALEINES, par Gabriel Soares de Sousa
Je crois qu’il convient dans ce premier chapitre (1) de parler des baleines qui viennent dans la Baie (2). Ce sont les plus grands poissons de cette mer et les Indiens les nomment pirapuã (3). Il en entre beaucoup dans la Baie au mois de mai, qui est le premier de l’hiver dans cette région, et elles y séjournent jusqu’à la fin décembre, quand elles s’en vont. Pendant la saison d’hiver, qui dure jusqu’au mois d’août, les femelles mettent bas dans cette baie, à l’abri des tempêtes de la haute mer. Elles gardent là leurs petits trois ou quatre mois, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de suivre leur mère au large. A cette époque les femelles recommencent à frayer, ce à quoi elles oeuvrent en grand tumulte. Quand les baleines sont dans la Baie, le poisson fuit vers les hauts-fonds ou les cavités, où elles ne peuvent les suivre, et parfois en les poursuivant elles viennent à s’échouer, comme il est arrivé dans le fleuve de Pirajá (4) en l’an 1580, où deux se sont échouées, un mâle et une femelle, que tout le monde a pu voir. J’ai fait mesurer la femelle, qui était entière. Elle était longue de soixante-treize empans (5) de la queue à la tête, et haute de dix-sept (6), sans compter la partie enfoncée dans la vase où elle reposait. Le mâle était sans comparaison plus grand mais on n’a pu le mesurer, car il avait déjà été équarri et sa chair emportée pour en tirer l’huile. La femelle avait la gueule si grande que j’ai vu un nègre installé entre les deux mâchoires, tranchant dans la lèvre du bas avec une hache qu’il tenait à deux mains, sans toucher celle du haut. Le bord de la lèvre était aussi gros qu’un tonneau de six almudes (7), et la lèvre du bas était en saillie par rapport à celle du haut, au point que ... (8). Cette baleine était grosse et on en a extrait un baleineau grand comme une barque de trente empans (9) de quille. On a tiré de ces deux baleines tant d’huile, que la contrée en a été gavée pendant deux ans. Quand les baleines sont dans la Baie, elles vont par troupes de dix ou douze et sont très redoutées de ceux qui naviguent, car elles se déplacent en rugissant et en bondissant, lançant de l’eau très haut en l’air. Et il est déjà arrivé qu’elles mettent des bateaux en pièces d’un coup de queue, entrainant la mort de leurs occupants.
Notes.
vendredi 1 août 2025
Stevenson
mardi 29 juillet 2025
Arkansas
lundi 28 juillet 2025
vendredi 25 juillet 2025
carrefour
jeudi 24 juillet 2025
check
mercredi 23 juillet 2025
Xénophon
mardi 22 juillet 2025
Tesson
lundi 21 juillet 2025
visibilité
dimanche 20 juillet 2025
noms
Pío Moa
Ciro Bayo
Elon Musk
Geof Huth
Juan Rufo
Léon Bloy
Mark Dice
Roger Moore
Rubén Darío
Albert Caraco
Blaise Pascal
Marcel Proust
Robert Graves
Thomas Merton
Antoine Rivarol
Chester Carlson
Jacques Abeille
Friedrich Nietzsche
samedi 19 juillet 2025
crotales
vendredi 18 juillet 2025
Vylan
jeudi 17 juillet 2025
adresses
mercredi 16 juillet 2025
dimanche 13 juillet 2025
vie
vendredi 11 juillet 2025
proportion
Je n'ai déjà plus entre les mains le bon livre de Juan Rufo, mais il me revient que le préfacier Alberto Blecua, évoquant l'importance du jeu dans la vie de l'écrivain et les ennuis que cette addiction lui avait valus, signalait que cela se reflétait dans ses sept-cent-sept apophtegmes, dont parait-il environ dix pour cent abordent le sujet. Et il m'amuse de constater que, par pure coïncidence, la proportion s'est maintenue dans ma Lettre documentaire, où exactement deux des paragraphes (77 & 211), sur les vingt traduits, évoquent le jeu.
jeudi 10 juillet 2025
Rufo
apophtegmes
VINGT APOPHTEGMES de Juan Rufo (1599) choisis et ici traduits par Philippe Billé
23. Un vieil homme lui dit qu’il ne savait pas pourquoi la Nature donnait des cheveux blancs aux hommes plus qu’à tous les animaux. Il répondit : «Pour hisser un drapeau blanc entre l’ardeur de la jeunesse et la prudence.»
77. Un homme pauvre demanda une petite pièce à un autre, qui gagnait au jeu, lequel non seulement ne la lui donna pas, mais lui dit très rudement d’aller voir en Guinée. Il lui dit : «Vous l’envoyez bien loin, et lui donnez si peu pour la route.»
78. Venant d’écouter un grand joueur de viole, mais qui n’avait guère de voix, il dit «qu’il avait fort bien mangé, mais qu’il était mort de soif».
158. Un homme, qui ne devait pas être très instruit, demanda «si Sénèque était de Cordoue». Il lui répondit : «Mais d’où voulez-vous qu’il fût ?»
186. Traversant la Catalogne, et voyant quelques arbres où se trouvaient pendus des corps et beaucoup de squelettes, il dit «qu’ils étaient plus fructifères que ceux des coteaux de Plasencia».
211. Ayant perdu tout son argent, il sortit seul du corps de garde, alors que les fois où il gagnait, il était fort accompagné. Croisant un soldat, qui lui demanda comment ça s’était passé, il lui répondit : «Demandez-le à ceux qui m’accompagnent.»
235. Venant d’assister à une comédie, comme on lui demandait comment il l’avait trouvée, il dit : «C’est un portrait de Judas, qui vécut apôtre et mourut démon.» Il dit cela parce que la farce était bonne mais finissait mal.
281. A une belle dame, qui ne semblait pas mal voir, mais arborait un face-à-main, il dit : «D’autres s’en servent pour mieux voir, et vous, Madame, pour être mieux vue.»
349. Certain ivrogne s’étant noyé en nageant dans le Guadalquivir, il dit : «Cet homme a fini par mourir entre les mains de son pire ennemi.»
404. Certains gentilshommes donnèrent à une femme huit coups de poignard, voulant la tuer pour qu’elle ne dévoile pas un secret important. Mais comme elle survécut et le racontait à tout le monde, il dit : «Pour faire garder à cette femme une bouche close, ils lui en ont ouvert huit de plus.»
491. Des amis, gens de très bon goût, repartaient de chez lui, et comme, en prenant congé, ils lui demandaient quand il voulait qu’ils se revoient, il répondit : «Toujours».
536. Un ami lui conseillait de retourner à Cordoue, car après tout c’était sa patrie, il s’y trouverait mieux qu’en terre étrangère. Il répondit : «L’homme pauvre est toujours en terre étrangère.»
555. Il dit que se teindre les cheveux blancs, c’est comme porter une barbe postiche.
575. Comme la messe commençait, lui et un ami se trouvaient si loin de l’autel, qu’ils ne pouvaient rien entendre. Lorsque l’autre se mit à avancer vers l’autel, en lui disant «Gagnons du terrain», il répondit : «Et du ciel.»
588. Les hôtes, il dit «qu’ils étaient comme les oeufs : quand ils sont frais, un aliment sain et délicieux, mais quand ils ne le sont plus, personne ne les supporte».
593. Il dit aussi «que la beauté sans honnêteté, c’est comme un jardin sans eau, ou comme des fleurs piétinées».
617. Deux frères presque du même âge étaient si inégaux de corps, qu’ils ne semblaient pas frères, et comme on lui disait qu’ils étaient fils d’un même père, il répondit : «qu’on aurait plutôt dit des doigts d’une même main».
647. Il dit «que le monde est une prison ; la naissance, une condamnation à mort ; et la vie, des heures comptées.»
648. Et une autre fois, «que la vie n’est rien d’autre qu’une étude des façons de bien ou mal mourir.»
693. De deux sortes de personnes il disait «qu’il ferait beaucoup, celui qui les consolerait : le riche se voyant mourir, et la belle femme se faisant vieille.»
mardi 8 juillet 2025
garde
PAGE DE GARDES
garde alternée
garde-barrière
garde-boue
garde champêtre
garde-chasse
garde-chiourme
garde-corps
garde-côte
garde forestier
garde-fou
garde impériale
garde-manger
garde-meuble
garde nationale
garde partagée
garde prétorienne
garde rapprochée
garde républicaine
garde-robe
garde rouge
garde suisse
lundi 7 juillet 2025
Ama
dimanche 6 juillet 2025
Perses
Encore une pièce de théâtre tirée d’une boite à livres, cette fois-ci Les Perses, d’Eschyle, dans une vieille petite édition des Classiques pour tous (Librairie Hatier, 1946). Le fantôme de Darius et son épouse se lamentent sur la pâtée impériale que s’est prise leur fils Xerxès à la bataille navale de Salamine, où il était allé souffler dans le nez des Grecs, et les choeurs ne leur remontent pas le moral. S’agissant d’une traduction en prose, du reste élégante (par Charles Georgin), je ne peux juger du style de l’auteur. Le texte est encore plus ennuyeux que du Yasmina Reza, mais il a pour lui sa dignité d’oeuvre antique, ayant traversé les millénaires. Une image m’a plu : Hélas! hélas! les cadavres de nos amis, leurs membres tout pénétrés d’eau salée, sont donc ballottés, errants, au milieu des écueils…
vendredi 4 juillet 2025
jeudi 3 juillet 2025
changement
Lettre documentaire n° 528
TOUT CHANGE, SANS CESSE.
Anthologie en kit (à compléter) d’auteurs exprimant cette idée.
Héraclite : «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.»
Marc-Aurèle : «Tout est en train de se transformer.» (Pensées, IX, 19).
Montaigne : «Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes les choses y branlent sans cesse … La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant.» (Essais, III, 2, Du repentir).
António Vieira : « Tout ce qui est dans ce monde, n’y est qu’un instant. Ce qui fut, n’est plus ; ce qui va être, n’est pas encore ; et ce qui est, n’est qu’à l’instant présent. » (Sermon du premier dimanche de Carême, 1655, in 501 pensamentos do Pe Vieira, São Paulo, 2001, n° 9).
Rousseau : « Tout est dans un flux continuel sur la terre » est repris plus loin : « Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes… » dans Les rêveries du promeneur solitaire (posthume, 1782, promenades V et IX).
Herder dans Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit, (1784, I, 4), soit Idées pour la philosophie de l’histoire dans l’humanité, telles que traduites de l’allemand par Edgar Quinet en 1827 : « Tout est changement sur notre terre … Pendant que la sphère tourne, les peuples tournent avec elles… » ou citées par le comte Joseph de Maistre en 1857 à la page 150 de ses Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole : «Tout sur notre globe, n’est que roue et changement … Les virevoltes d’une boule sont l’image de tout ce qui se passe sur notre terre.» ou encore traduites en 1962 par Max Rouché dans la Collection bilingue des classiques étrangers : «De même que la sphère tourne, tournent aussi à sa surface les têtes et les climats, les moeurs et les religions comme les coeurs et les costumes.»
mercredi 2 juillet 2025
Reza
Ayant trouvé dans une boite à livres la plus célèbre pièce, «Art», de la célèbre écrivaine Yasmina Reza, j’ai passé, peut-être perdu, un moment à la lire. Cela raconte sur quelques soirées les chamailleries de trois amis dont le plus riche, Serge, dermatologue et amateur d’art contemporain, vient de payer une fortune pour s’offrir un tableau intrigant, grand rectangle blanc parcouru de lignes blanchâtres. Son ami Marc, ingénieur, également friqué mais de goût plus classique, est scandalisé par cette dépense pour une oeuvre qu’il juge sans valeur et qu’il qualifie de «merde». Le troisième homme, Yvan, simple représentant, et d’un naturel conciliant, adopte un point de vue intermédiaire. La dispute dérive par moments sur des questions personnelles secondaires. Cette comédie ne m’a pas beaucoup intéressé mais il parait qu’elle a obtenu un grand succès depuis sa création en 1994, ayant été plusieurs fois mise en scène, avec de bons acteurs, primée, et traduite dans trente-cinq langues. Sans doute présente-t-elle au public un miroir dans lequel il reconnait les questions que tout le monde s’est posées un jour ou l’autre, sur le thème L’art contemporain est-il de l’esbroufe ? Pour ma part, je ne me retrouve pas bien dans ce questionnement, étant habitué à voir dans l’art contemporain, y compris dans les avant-gardes les plus extrêmes, aussi bien des oeuvres que je prise et d’autres que je méprise. Quant à la dépense, ma foi, je suis d’avis que chacun a le droit d’user de ses avoirs comme il lui plait. J’aurai bien sûr plus d’estime pour quelqu’un qui dépense avec discernement, mais si un riche imbécile veut gaspiller sa fortune, je n’y vois aucun inconvénient. J’y verrais même l’avantage, selon la théorie du ruissellement, que ce serait là autant de bien diffusé dans le corps social. La question qui me parait plus discutable, touchant l’art contemporain, est celle des subventions publiques, dont la pièce ne dit rien. Qu’un particulier jette son argent par les fenêtres, n’importe, mais je suis très tatillon sur l’emploi de l’argent du contribuable.
mardi 1 juillet 2025
promotion
Je doute qu’aucun universitaire ait jamais le courage ou l’autorisation de consacrer ses recherches aux processus de promotion sociale par la coucherie. Je crois qu’une telle étude établirait que ce favoritisme a profité aux femmes et aux homosexuels, plus souvent qu’aux hommes hétérosexuels.
lundi 30 juin 2025
Zulmira
Les Máximas inéditas de Tia Zulmira (Editora Codecri, Rio de Janeiro, 1976) sont une oeuvre du journaliste et humoriste brésilien Sérgio Porto (1923-1968) parue posthumément sous son pseudonyme Stanislaw Ponte Preta. J’ai lu en entier ce mince volume sans y trouver une seule maxime à mon goût. On y remarque au mieux quelques définitions métaphoriques à la Gómez de la Serna, ainsi (je traduis) «Le colibri est l’hélicoptère de Dieu» (p 55) ou «Le pharmacien est le sergent de la médecine» (p 73). Le reste est ricanement soixante-huitard (genre «Le policier est toujours suspect», p 48) sans grand intérêt.
dimanche 29 juin 2025
Sagan
Il est toujours délicat de parler d’un livre qui vous a plu un peu mais sans plus, ainsi du Avec mon meilleur souvenir, de Françoise Sagan (Gallimard, 1984). N’étant guère porté sur la fiction et n’ayant jamais lu de roman de Sagan, je gardais depuis quelques mois sous le coude ce recueil de fragments autobiographiques, légué je crois par Fred R. Le volume est solidement charpenté en dix chapitres, dont cinq portant sur des artistes que l’auteuse a connus (B Holiday, T Williams, O Welles, R Noureev, J-P Sartre), alternant avec cinq autres sur divers sujets (Le jeu, La vitesse, Le théâtre, Saint-Tropez, Lectures). On y retrouve plus en détail ce que la rumeur nous avait déjà vaguement fait savoir sur le personnage de cette écrivaine joueuse, bohème, bambocheuse, etc. Son univers ne m’attire guère mais le texte se laisse lire parce qu’il est écrit avec soin, sans façons (on ne compte pas les formules du genre C’était en telle ou telle année, je ne sais plus bien) et semble-t-il avec sincérité. Sagan a quand même réussi à m’attendrir momentanément sur le vieux Sartre presque aveugle, qu’elle aide à manger au restaurant, ce n’est pas rien.
vendredi 27 juin 2025
lundi 23 juin 2025
Vilain
Ayant lu par hasard il y a quelques mois et n’ayant pas détesté le petit livre Le jeune homme, dans lequel Annie Ernaux raconte sa liaison pendant un lustre avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle, puis ayant appris que celui-ci, Philippe Vilain, venait à son tour de publier un ouvrage où il expose sa version des faits, Mauvais élève (R Laffont, 2025), j’étais curieux de le lire et je viens de l’emprunter. A cette occasion j’apprends qu’en fait l’écrivaine a évoqué l’idylle dans deux autres livres, et que de même l’ancien amant l’a déjà représentée dans deux romans avant de publier cet essai autobiographique. A vrai dire Annie Ernaux n’apparait qu’au bout d’une centaine de pages, dans ce récit plus globalement consacré à décrire la métamorphose intellectuelle de l’auteur depuis son adolescence. Au départ marginal délinquant illettré, fils de prolo alcoolique, il a peu à peu pris goût aux études et à la littérature, notamment sous l’influence de cette maitresse providentielle, à laquelle il a fini par consacrer une thèse de doctorat. Je dois avouer que ce livre m’a un peu déçu, je l’ai trouvé intéressant mais souvent ennuyeux, notamment dans cette première centaine de pages que je n’ai pu lire avec soin, me contentant de la survoler. On est content pour lui que l’auteur ait appris à écrire correctement, mais cela ne suffit pas à produire un texte captivant. Il faut dire que non seulement la matière (une existence médiocre dans un milieu médiocre) est ingrate, mais qu’en outre elle est traitée sur le ton besogneux de la soso, la sociologie socialiste. C’est qu’Annie comme Philippe, et celui-ci sans doute à cause de celle-là, sont imbibés d’idéologie balourde, fiers de défiler avec Krivine et Laguiller ou de «tuteurer un sans-papier algérien désireux de se marier avec une Française» (page 161). Obsédés par la classe sociale, ils voient partout du privilège et de l’oppression, de l’héritage et de la distinction. Ils vivent dans un monde sans surprise, où tout est déterminé, et voient les gens autour d’eux comme des personnages pour lesquels, dirait Davila, «la psychologie est de trop, la sociologie suffit». Fort heureusement la vie réelle ne se déroule pas exactement comme dans les bourdieuseries et Vilain admet que sa propre trajectoire est un contre-exemple du déterminisme marxiste. Dans l’analyse de ses rapports avec Annie, il observe au moins deux malentendus. D’une part elle prétend retrouver en lui son modeste milieu d’origine, mais lui voit bien qu’elle est issue d’un milieu pas si modeste que ça, et socialement supérieur au sous-prolétariat dont lui procède (« nous ne provenions pas du même milieu modeste … Un monde séparait nos milieux modestes », 120-121). D’autre part il pense qu’ils étaient attachés l’un à l’autre de façon asymétrique, par des penchants différents («je devinais que le passionné de littérature que j’étais l’attirait moins que mon corps», 115). En tout cas elle semble avoir été très amoureuse, et l’être restée y compris après avoir rompu avec lui. La seule scène vraiment émouvante du livre est celle où, un an après la séparation, elle demande à le revoir et tente de renouer (223 sq). Mais c’est trop tard, car il est maintenant engagé dans une autre relation, et elle a du mal à l’accepter. Accessoirement je me suis trouvé un petit sujet de méditation à un moment où l’auteur, pour montrer qu’Annie est sérieusement embourgeoisée, évoque le rituel compliqué des repas : «j’étais chargé de dresser la table, d’allumer les chandelles, de choisir la musique classique qui servirait de fond sonore, et je me trompais toujours de côté en plaçant les couverts, je confondais les fourchettes à entrée avec celles à plat ou à dessert, les couteaux, les cuillères, les multiples verres, les assiettes … » (164-165). Pour ma part je me dis que si vraiment c’est un privilège, que d’avoir à se colleter avec de multiples verres et couverts, j’aime autant m'en passer…
dimanche 22 juin 2025
abc
VITAMINE A
Poème-liste, sur une idée
de Christophe Petchanatz
Vitamine A
Plan B
Vitamine C
Système D
Vitamine E
Point G
Heure H
Génération I
Jour J
Vitamine K
Taille L
Taille M
Quantité N
Groupe O
Point P
Source Q
Valeur R
Taille S
Ford T
Super U
Rayon X
Chromosome Y
Série Z