mardi 16 septembre 2025

explication

    Elle est fascinante, cette obstination des militants marxistes, vous expliquant à chaque fois que si l’expérience a été un désastre, c’est parce que le communisme réel n’était pas le vrai communisme.

lundi 15 septembre 2025

âge

    Maximes contraires. Une sentence que j’ai vaguement en mémoire, dont je ne sais plus qui est l’auteur, dit en substance qu'en vieillissant, nos âmes s’enlaidissent comme nos corps, ce qui n’est pas invraisemblable. (Je reformulerai cette note si je retrouve la citation). En sens inverse, la pensée d’Antonio Pérez (Ld 405), plus réconfortante : La beauté de l’âme s’accroît avec l’âge, à mesure que décroît celle du corps.

samedi 13 septembre 2025

Elon

    J'ai vu sur internet cette pensée attribuée à Elon Musk : They don't ban hate speech, they ban speech they hate (Ils ne censurent pas le discours de haine, ils censurent le discours qu'ils haïssent). Je ne sais si la citation est véridique, mais c'est bien vu et bien tourné.

jeudi 11 septembre 2025

Auguste


    Hier j'ai créé ma vingt-cinquième notice dans Wikipédia, celle-ci consacrée à Auguste Charlemagne, peintre-verrier à Toulouse au XIXe siècle.

(Illustration : Sainte Anne et sa fille Marie, église Saint-Pierre, Segonzac, Charente, 1867. Photo POP, plateforme ouverte du patrimoine)

mercredi 10 septembre 2025

Lanton

Afin de mieux connaitre une localité qui m’est chère et où je séjourne régulièrement, j’ai parcouru le livre d’Alain de Neuville et alii, Lanton raconté par ses rues et lieux-dits (Société Historique et Archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch, 2016). C’est un répertoire présentant rues et lieux-dits dans l’ordre alphabétique. La commune de Lanton, située entre Andernos et Audenge sur la rive nord du Bassin d’Arcachon, est composée de quatre villages. Trois d’entre eux se trouvent sur le rivage même (d’ouest en est : Taussat, Cassy, et Lanton proprement dit) mais le quatrième, Blagon, est dans les terres. Un défaut de ce guide, par ailleurs bien fait, est de proposer en entrée un plan d’ensemble à une échelle si réduite, que la plupart des noms de rue y sont illisibles. J’ai appris dans ces pages que si Lanton est le village le plus ancien, maintenant Cassy prime par la croissance urbaine et démographique. Lanton possède une église médiévale, Taussat une chapelle du dix-neuvième siècle, les deux autres bourgs sont restés païens. On donne ici et là quelques traits du parler local, dans lequel on dit pin franc pour pin parasol, lo gay pour le geai, pouzoum pour poisson. L’un de mes bâtiments préférés, le mini-cloître en ciment visible au bord de la plage, est situé à l’angle du terrain de la villa Bagatelle, où a séjourné Toulouse-Lautrec, lequel ne l’a jamais vu car il mourut avant la construction, datant des années 1910. Feuilleter un tel ouvrage est l’occasion de déplorer une fois de plus les ravages dus à la manie de nommer ou de renommer les rues mal à propos. Une procédure consiste à attribuer aux rues nouvelles des noms arbitraires de peintres, de musiciens, d’écrivains, d’oiseaux ou de fleurs, n’ayant en général aucun rapport avec la voie en question. Un simple numérotage à l’américaine me paraitrait préférable. Une autre procédure, pire encore, consiste à rebaptiser des rues en remplaçant leur ancien nom commodément significatif par celui d’une personnalité : ainsi à Taussat l’allée de la Chapelle devenue allée Toulouse-Lautrec, la rue du Commerce, la seule où il y ait en effet des magasins, devenue rue Guy Célérier (un résistant), ou la rue du Port, qui y descend tout droit, devenue rue Amédée Guittard (un ostréiculteur conseiller municipal). Quelle tristesse. On tremble en songeant à ce qui guette l’avenue de la Gare ou le boulevard de la Plage…

Photo courtesy of Yannick Lavigne.

dimanche 7 septembre 2025

merveilles

    Aperçu dans le canard local la page consacrée à un biologiste venu «animer une conférence sur la biodiversité». On donne en titre cette déclaration du savant : «Je suis là pour émerveiller les gens et montrer que la nature est merveilleuse». N’est-ce pas là encore un cas de biofanatisme ? Personnellement je suis dur de l’extase, j’ai du mal à admirer sans réserve la dévoration impitoyable incessante.

jeudi 4 septembre 2025

Mao

Pour rigoler un peu, j’ai passé un moment à feuilleter un exemplaire du Petit livre rouge, soit le recueil de Citations du président Mao Tsé-toung (Seuil, 1967) trouvé dans une boite. La teneur de ces fragments oscille entre la pure platitude («En ce monde, les choses sont complexes et beaucoup de facteurs les déterminent. Il nous faut examiner un problème sous ses différents aspects, et non sous un seul»), la faribole folklorique (« Tous les réactionnaires sont des tigres en papier») et le fanatisme totalitaire (« La tâche centrale et la forme suprême de la révolution, c’est la conquête du pouvoir par la lutte armée, c’est résoudre le problème par la guerre»). Quand on pense qu’à l’époque, toute une partie de l’intelligentsia occidentale gobait ces âneries. Mais je ne veux pas trop m’en moquer car dans le temps, ayant moi-même bouffé successivement à tous les râteliers de gauche et d’extrême gauche, j’ai aussi eu mon moment mao, inévitablement. J’ai beaucoup à expier…

lundi 1 septembre 2025

esds

    Il y a quelques mois, l’on m’a fait parvenir de Paris un numéro de la revue de Bruno Richard, Elles sont de sortie. Je n’en avais pas vu depuis longtemps. Il s’agit du numéro 121-122, de juin 2021. C’est une plaquette de trente-deux pages de format A6, imprimée en Italie par Elica Editions et intitulée Ce n’est pas parce qu’on baise qu’on est pas en pleine misère sexuelle. On y voit une collection de dessins sans légende : un seul sur les couvertures avant et arrière, mais à l’intérieur deux dessins horizontaux par page dans la première moitié de l’ouvrage, quatre verticaux par page dans la seconde, soit au total pas moins de 92 dessins. Ils représentent tous des hommes et des femmes nus s’exhibant, s’attouchant ou s’accouplant. Il y a un contraste entre l’ordonnancement extrêmement soigneux de la mise en page et l’aspect sommaire des dessins, tenant plutôt de la simple esquisse. Contraste aussi entre des activités qui laisseraient supposer une certaine exaltation et ces personnages à l’aspect morne, aux corps pas très beaux, des corps à la Lucian Freud, qui semblent besogner sans entrain. Il se dégage de l’ensemble une vision désenchantée qui correspond bien au ton désabusé du titre. Un étrange petit livre, léger mais grave.
    (Voir quelques pages sur ce site de vente).

dimanche 31 août 2025

peuple

    Le souvenir me revient de ce bourge de gauche, un cinéaste italien je crois, déclarant jadis à la radio, de sa voix roulant les R et ruisselant d’autosatisfaction : J’adore le peuple. Ce J’adore le peuple, je ne l’ai jamais oublié. J’étais encore jeune, c’est une des toutes premières fois où j’ai ressenti qu’un certain type humain m’était radicalement insupportable.

jeudi 28 août 2025

cornouillers

Dans une de mes parcelles il y a une paire de cornouillers qui poussent tout près, peut-être trop près l’un de l’autre. Ils sont bizarrement penchés mais n’ont pas l’air d’aller mal, ils semblent même solides. J’aime bien ces deux arbustes parce que je leur trouve bonne mine, malgré leur silhouette atypique. ou peut-être à cause d’elle. Aussi je crois parce que c’est par eux que j’ai découvert l’espèce du Cornouiller dit mâle, je ne connaissais jusqu’alors que l’autre, plus menue, le Cornouiller sanguin. Je situe à peu près ces deux pieds. Il m’arrive de les chercher sans les retrouver, et de les trouver sans les avoir cherchés. Ces bois ne sont pas bien grands mais j’ai encore le plaisir de m’y perdre un peu.

mercredi 27 août 2025

verbier

    Mes néomots de ces derniers temps : aigréable, mémoirure, vaudevillage.

mardi 26 août 2025

Knivet

Un des auteurs les plus tardifs du seizième siècle à avoir écrit sur le Brésil est le voyageur anglais Anthony Knivet, qui n’a d’ailleurs publié le récit de ses aventures qu’au début du siècle suivant. Je n’avais encore jamais lu son livre, dont le texte original n’est pas facile à trouver, et j’ai emprunté récemment la version française publiée en 2003 chez Chandeigne sous le titre Un aventurier anglais au Brésil : Les tribulations d’Anthony Knivet (1591). Ce gentilhomme participait à une expédition du corsaire Thomas Cavendish, dont l’activité principale consistait à razzier les installations portugaises sur la côte brésilienne. Ayant été abandonné par ses compatriotes, notre homme vécut alternativement parmi les Indiens et parmi les Portugais, souvent maltraité, toujours en danger. Son livre m’a fait penser à celui d’Ulrich Schmidel, de par la violence quasi incessante et omniprésente. L’histoire se déroule pendant la période «conradienne», la période incertaine des premiers temps de la présence européenne, pendant laquelle le sort des arrivants n’était jamais assuré, et se produisaient toutes sortes de massacres : non seulement d’Indiens par les Blancs mais aussi de Blancs par les Indiens, et comme toujours d’Indiens entre eux et de Blancs entre eux. Le récit abonde en épisodes non conformes aux légendes humanistes : hommes blancs devenant esclaves d’autres hommes blancs et parfois d’Indiens, Indiens vendant des esclaves à des hommes blancs, Indiens s’alliant à des hommes blancs pour aller défoncer la gueule d’une tribu ennemie, etc. Malgré ses aspects pittoresques, j’ai du mal à m’intéresser à cette chronique et je ne suis pas sûr de la lire jusqu’au bout. Il faut dire qu’une lecture sérieuse est rendue difficile par la forme même de l’ouvrage, dont l’appareil critique abondant est fourré en fin de volume, ce qui oblige à lire avec deux marque-pages, et imprimé dans un corps microscopique. En outre il n’inspire qu’une confiance limitée, au vu par exemple d’une note comme celle de la page 90 où, l’auteur mentionnant certaines autruches, l’on nous explique savamment qu’ «il doit s’agir des casoars, les autruches d’Amérique» (l’éditrice, universitaire spécialisée dans la découverte du Brésil, n’a semble-t-il jamais entendu parler de nandous et ignore que les casoars ne sont pas des oiseaux américains)…

lundi 25 août 2025

Ukrainiens

    Cet alexandrin, repéré dans un titre d’article de La Nouvelle République du Centre-Ouest, résumant hier les propos de réfugiés ukrainiens, qui célébraient à Niort l’anniversaire de l’indépendance de leur pays : Il y avait l’espoir d’un avenir meilleur…

dimanche 24 août 2025

chemises


    J’avais depuis un an ou deux un T-shirt vert kaki uni que j’appelle pour rigoler mon T-shirt de Zelensky. J’ai acheté l’autre jour pour un doublon, à la solderie de Loulay, une chemise à carreaux que j’ai tout de suite appelée ma chemise de Matt Walsh. (Dans la série : Il ne se passe rien mais je ne m’ennuie pas).

samedi 23 août 2025

asinerie

Hier après-midi je suis allé passer un moment à l’Asinerie du Baudet du Poitou, située à une douzaine de kilomètres de chez moi, dans la campagne entre Dampierre et la Villedieu. J’y vais rarement parce que c’est payant et je suis près de mes sous, aussi parce que je n’ai pas grand chose à y voir : on a vite fait le tour du domaine, de la petite salle muséale, et je n’aime pas beaucoup l’aspect desdits baudets, au pelage dépenaillé. Je leur préfère de loin les jolis petits ânes gris de Provence à poil ras, avec leur croix noire au garrot. Mais enfin il y a chaque année quelques dates où l’asinerie fait portes ouvertes, ainsi ce week-end pour les trois jours du Concours national mulassier. Alors vous êtes venu assister aux épreuves, m’a demandé un gentil animateur, qui cherchait le contact humain. Pas du tout, lui expliquai-je, je n’y connais rien, ni n’ai besoin d’y rien connaitre, ni ne suis moi-même cavalier, je veux juste contempler de beaux animaux. Et j’ai passé une petite heure à longer les allées, où les éleveurs cantonnaient toutes sortes de belles bêtes, de toutes les couleurs, dont d’imposants chevaux de trait. C’était un bon moment.

vendredi 22 août 2025

robots

    Ce qui m'impressionne, chez les robots humanoïdes, plus encore que leur habileté, c'est leur incroyable laideur.

mercredi 20 août 2025

cartes

Je tiens du regretté Michel Ohl, outre un sac de lettres et quelques livres, deux documents jumeaux et de même dimension : ce sont les deux cartes psychogéographiques, si l’on peut dire, celle du département des Landes et celle des environs d’Onesse, qu’il a tracées au stylo sur des feuilles de format A3 (29,7 x 42 cm) disposées horizontalement. Dans cette note j’indiquerai quelques précisions et je formulerai quelques interrogations à leur propos.

La carte de Ohl-Landes, il me semble que c’est moi qui lui en avais suggéré l’idée. Elle a été réalisée fin mai ou début juin 1989. Michel en parle dans une lettre du 29 mai : «Je vais m’attaquer à la carte du pays ohl-landais : Guy-Marie (Renié) m’a filé des feuilles grand format, 2 x + grandes que la revue.» Elle a paru dans ma revue Documents-Pages n° IV, datée de juin, page 40. Je l’ai publiée telle quelle, sans autre modification que la réduction du format A3 au A4, et l’insertion de la mention marginale «Michel Ohl : ‘’Ohl-Landes’’, Bordeaux, 1989, DP-40». Dans une lettre de juillet? 1991, Michel lui-même m’a signalé un «ouvrage intitulé Landes, où est reproduite en tout petit p. 279 la carte de Ohl-Landes que tu as publiée le premier … Documents-Pages n’est point mentionné» (il s’agit de Landes, par Bénédicte Boyrie-Fénié et alii, dont Guy Latry, paru à Paris aux Editions Bonneton). La carte a été reproduite une deuxième fois en novembre 1992 aux pages 124-125 de l’ouvrage Michel Ohl : morceaux choisis, édité par Pierre Ziegelmeyer dans la collection Les Contemporains favoris, dirigée par Didier Moulinier à Arras. Cette carte a aussi été republiée en ligne le 19 avril 2009 dans un article intitulé Landes secrètes, du blog anonyme L’arbre aux questions, où l’on a eu la bonne idée de lister tous les toponymes figurant sur le document. Ces trois reproductions ont été faites d’après Documents-Pages, comme en témoigne l’inscription marginale, mais sans mentionner explicitement cette source. J’ignore s’il y en a eu d’autres.

La carte d’Onesse. Son cas est plus mystérieux. Je ne me souviens pas si j’ai prié Michel de la tracer ou si c’était son initiative. «Il me faut dessiner cette carte d’Onesse, qui tiendrait un peu de la carte du Schéol et de celle du Dur», écrit-il le 4 février 1990. Il me l’a confiée comme s’il était prévu que je la publie mais je ne crois pas l’avoir fait. J’ignore où et quand cette carte a été reproduite, si elle l’a été, en dehors des occasions suivantes. Le 11 août 1993, Michel me signale que «Edmond (Thomas) va publier Onessa, un opuscule vert jade du format de Boobook, avec carte toute petite incorporée». En effet cet opuscule de format 6 x 9 cm, imprimé par Plein Chant le mois suivant, comporte pages 8-9 une reproduction partielle (grosso modo le centre) de ladite carte. Bien plus tard, la carte d’Onesse est reproduite, cette fois-ci en entier mais en petit, au format carte postale (A6) sur le carton d’invitation de l’exposition posthume Michel Ohl homme trois lettres, qui se tient au Forum de Talence du 30 mai au 10 juin 2017. La carte d’Onesse est encore reproduite dans un article de Benjamin Ferret, «Landes : qui était Michel Ohl, cet écrivain d’Onesse-Laharie?» paru dans Sud Ouest le 18 octobre 2024, à propos d’une exposition s’ouvrant le lendemain à la médiathèque de cette commune.

    Si l’on connait d’autres publications de ces deux cartes, il m’intéresse d’en être informé.

mardi 19 août 2025

août

    Août est le seul des douze mois de l’année, dont le nom français écrit en toutes lettres ne comporte pas plus de signes, mais autant (quatre) que sa notation en chiffres romains, VIII.

dimanche 17 août 2025

haine

    Le journaliste Antoine Leiris s’est rendu célèbre par sa lettre «Vous n’aurez pas ma haine» adressée aux terroristes musulmans qui venaient d'assassiner son épouse lors du massacre du Bataclan en novembre 2015. Le texte a d’abord paru sous la forme d’un message publié sur Facebook puis repris par le journal Le Monde. Il s’est ensuite avéré être un filon inépuisable, donnant lieu à un livre, un documentaire, une adaptation au théâtre et une au cinéma. Pour ma part je me suis contenté de prendre connaissance du texte initial, qui tient sur une page. Je n’arrive pas à m’accorder avec le point de vue énoncé. Je veux bien que l’auteur se soit exprimé sous le coup de l’émotion, comme en témoignent plusieurs fautes de syntaxe, mais enfin je crois que c’est une erreur, de refuser de haïr ce qui est haïssable. A moins que le but ne soit de prendre la pose. Et non seulement ce gentilhomme se targue d’ignorer la haine, mais il conclut en assurant que son fils, âgé de dix-sept mois au moment des faits, pensera de même. Or c’est bien incertain : qui sait si le rejeton n’aura pas plus de jugement que son père ?

samedi 16 août 2025

ménoures

    J’ai rêvé que la désignation commune pour les espèces animales de plus petite taille était les Ménoures. Réflexion faite, ce mot semble être une variante possible de l'adjectif Mineures, panachée avec le nom des Batraciens sans queue, les Anoures.

vendredi 15 août 2025

double

    L’autre matin à la poste de Villeneuve, pour expédier en Espagne une simple lettre de moins de 100 grammes, j’ai dû payer 4,50 euros. L’après-midi, au Bricomarché de Saint-Jean, j’ai acheté onze seaux de gravier, soit environ 110 litres, soit environ 160 kilos, et j’en ai eu de même pour 4,50 euros.

jeudi 14 août 2025

musique

    Lorsque j’étais ado, un copain mieux né que moi avait entrepris de me civiliser en me faisant découvrir quelques oeuvres de musique classique. Il y avait d’abord eu le cinquième des Concertos brandebourgeois, de Bach, puis le Requiem de Mozart, puis celui de Fauré. Je ne me souviens plus de ce qui avait suivi. Cet enseignement par prêt de disques n’avait d’ailleurs peut-être pas duré longtemps, mais je n’ai jamais oublié le trio initiatique. Cela m’avait ouvert à un domaine, dont je ne suis jamais devenu bien familier, mais je suis toujours resté reconnaissant de l’attention, à cet ami perdu de vue. Je ne sais pourquoi je repense à ça ce matin, en écoutant le silence de mon jardin.

lundi 11 août 2025

Taussat


J’ai lu à peu près en entier la petite Histoire de Taussat, par Pierre Labat, dans la réédition complétée qu’en a donnée en 2016 la Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch. Taussat n’est aujourd’hui qu’un des quatre villages formant la commune de Lanton, sur la côte Nord du bassin d’Arcachon. Cette localité doit beaucoup à la famille de Courcy, originaire de Normandie, qui au début du dix-neuvième siècle devint propriétaire de ce qui n’était encore qu’une étendue de lande et de forêt. On y bâtit bientôt les premières maisons, on traça les premières rues. Une chapelle fut construite dans les années 1860. Vers cette époque une héritière des Courcy épousa un officier de la famille d’Elloy, laquelle joua dès lors elle aussi un rôle important dans le devenir de Taussat. C’est aux frais de membres de ces deux familles qu’un port fut creusé et aménagé en 1878, celui que l’on appelle le vieux port depuis qu’un autre a été créé plus récemment à l’autre bout de la plage, aux confins d’Andernos. Une grande affaire dans l’histoire de Taussat est que Henri de Toulouse-Lautrec y a souvent séjourné, jusqu’à la fin de sa vie, et une rue du village porte son nom. Ce peintre ne m’attire pas beaucoup mais j’ai aimé découvrir dans cet ouvrage une autre personnalité, Yvette Couderc (1875-1963), laquelle fonda un foyer familial, institution privée indépendante des autorités civiles et religieuses, où elle accueillait, éduquait et soignait, semble-t-il efficacement, des enfants malades, convalescents, ou sans famille. J’admire cet exemple.

samedi 9 août 2025

bétail

    Il y a quelque chose de désespérant dans le triste sort du bétail, qui de génération en génération finit toujours en boucherie, docilement depuis des millénaires, sans comprendre ce qui lui arrive et naturellement sans se révolter contre ce destin à perpétuité, puisque naturellement les animaux sont trop bêtes pour cela. Il ne m’étonnerait pas que l’évolution de la sensibilité humaine nous conduise un jour à rejeter cet asservissement, de même que l’esclavage, jadis pratiqué partout, nous parait aujourd’hui inacceptable.

vendredi 8 août 2025

biodiversité

    Elles sont maintenant innombrables, ces courtes vidéos animalières, sur lesquelles on tombe même sans les chercher. Elles montrent tantôt de merveilleux tableaux : amitié insolite entre un animal et un être humain, ou entre espèces animales, animaux secourus par d’autres ou par des humains, cabrioles de quadrupèdes nouveaux-nés, dingueries de chats, etc. Je dois avouer que je suis assez bon public pour ces sucreries, j’en regarde volontiers de temps en temps. Et puis il y a aussi les vidéos terribles, révélant les horreurs de la biodiversité, le massacre incessant des proies, la dévoration sans pitié…

jeudi 7 août 2025

cryptos

    Alexandrin commercial, et un brin ésotérique, vu dans une pub : À chacun sa façon de trader les cryptos.

mercredi 6 août 2025

falaise

    Je ne peux voir une belle falaise sans songer qu’elle a dû servir, dans les époques, à en précipiter des condamnés, des sacrifiés ou des réprouvés.

mardi 5 août 2025

rencontres

    A mon compte-rendu commercial d’hier, j’ajouterai cette note pour évoquer quelques rencontres. Il y eut par exemple ce couple âgé, elle cassée en deux, me racontant que lorsqu’ils arrivèrent là où ils vivent, il n’y avait qu’un arbre aux alentours de la maison, mais son mari en a si bien planté qu’il y en a maintenant peut-être mille. Il y eut ce gentilhomme avec qui j’ai négocié et finalement conclu ma meilleure vente. C’était manifestement un connaisseur et un esthète, au surplus un type vraiment charmant, genre Georges Clooney mais avec le regard intelligent. J’aurais dû essayer de le capturer au lieu de le laisser repartir. Il y eut surtout Roland, avec qui j’ai causé plus d’une heure. Je le revois depuis des années dans les vide-greniers, où il m’achète tous les livres sur les arbres, quand j’en ai, il doit en posséder une belle collection. C’est un bon connaisseur de la question et le seul avec qui j’ai de rares occasions d’en parler. La fois où on a fait connaissance, il m’a raconté qu’il avait fait pousser de graine des féviers d’Amérique, soit des Gleditsia triacanthos, ces sortes d’acacias aux épines longues comme le doigt, et qu’il en avait planté toute une haie. Ce curieux rural, plus ou moins de mon âge, vous parle en français normal, et l’on comprend au cours de la conversation qu’il connait non seulement le nom usuel mais aussi le nom latin des arbres et leur classement par familles, mais si l’un de ses voisins vient à le saluer en passant, il lui parle à leur façon : I charriais dau bois, c’est à dire Je transportais du bois, répond-il à quelqu’un disant l’avoir aperçu la veille. Ce dimanche je lui ai raconté entre autres ma mésaventure de l’année dernière, quand j’ai tenté en vain de signaler un houx de taille exceptionnelle à l’association s’occupant d’arbres remarquables (voir au 27 XII 24). A un moment un couple s’est arrêté et lui a demandé comment il allait. Mieux, répondit-il, et comme le propos intriguait, il expliqua qu’on lui avait diagnostiqué l’an dernier un cancer des os. Il entre dans les détails, ses douleurs au dos, les pompiers refusant de le transporter, lui-même payant un taxi pour l’emmener à Niort, son hospitalisation, l’identification et le traitement chimique de la maladie, les piqures dans le ventre, désagréables mais supportables, puis une si douloureuse qu’il s’est évanoui, après quoi, soupçonnant qu’il avait servi de cobaye pour un test, il avait décidé d’arrêter les soins et demandé à rentrer chez lui, où il vit seul. On suppose qu’il a reçu de l’aide à domicile, mais non, dit-il, il a tout refusé. Et voilà qu’il se met à pleurer au souvenir du très pénible hiver qu’il a passé, réapprenant seul peu à peu à marcher, peinant à soulever une simple casserole. Consternation de nous trois. Quelle histoire, en effet. Moi-même, la racontant à mon coach au téléphone le lendemain, j’en avais encore la gorge serrée. Mais enfin pour l’instant l’homme ne souffre plus et semble aller assez bien, s’il se promène sur les marchés. Une fois le couple reparti, je ramenai la conversation sur les arbres, pour détendre l’atmosphère. Roland m’a appris que l’érable dit de Montpellier aurait été ainsi nommé jadis abusivement par des botanistes de l’université de Montpellier, alors qu’il n’est pas particulièrement localisé autour de cette ville. Selon lui c’est dans notre région que cet arbre est le plus abondant. Cela ne me semble pas bien correspondre avec ce que je crois savoir des forêts locales, restes de l’antique sylve d’Argenson, séparant le Poitou de la Saintonge et marquant un seuil écologique, puisqu’elle serait à la limite méridionale de l’aire d’extension du hêtre et à la limite septentrionale de celle dudit érable de Montpellier. Cette situation marginale me parait mal s'accorder avec un peuplement plus dense, mais enfin c’est une question dont on pourra rediscuter. Une autre fois. Mon étalage se situait en bout de rangée, près du bord du stade, au-delà duquel se trouvait, à peu de distance, un petit bois de forme carrée, d’une trentaine de mètres de côté. Il était peuplé de tilleuls, d’érables et de frênes, vaguement plantés en rangs irréguliers, entre lesquels l’herbe était proprement coupée ras. Il régnait sous ce couvert une pénombre magique et bienfaisante. Dans les moments creux je désertais mon étal, pour aller m’y rafraichir. Aucun bois naturel n'aurait eu cet aspect. C'était pour moi encore une fois l'occasion de constater que ce vers quoi souvent me porte mon goût, ce que j'ai le plus de plaisir à contempler, n'est pas la nature elle-même mais la nature retouchée par l'homme.

lundi 4 août 2025

brocante

    Le dernier samedi de juillet j’ai participé au vide-grenier de Prissé-la-Charrière. Bon plan : six euros la voiture, parc ombragé, espace non limité, donc outre mes cinq mètres de tables, j’avais aussi disposé des affaires sur l’herbe. Mon étalage était pour moitié de caisses de livres, dont je n’ai vendu presque aucun, et pour moitié d’objets divers (vaisselle, instruments, bibelots) dont j’ai tiré la maigre soixantaine d’euros gagnée ce jour-là. J’avais aussi innové en apportant deux plantes en pot, une pousse de thym et une de laurier, que j’ai vendues toutes deux, un doublon chaque. Hier dimanche j’ai pris part au vide-grenier de Villefollet, également dans les Deux-Sèves. Conditions différentes : emplacement gratuit jusqu’à cinq mètres, ce qui me suffit (j’ai deux tables de tapissier de deux mètres et une table de camping d’un mètre) mais dans un stade, c’est à dire un lieu sans ombre et je n’ai pas de parasol. Les prévisions de la météo m’avaient fait espérer un ciel voilé mais il faisait hélas grand beau temps, toutefois sans chaleur excessive. Tirant les leçons de la fois précédente, je n’avais apporté que des objets, plus une poignée de cinq livres (des petits guides d’histoire naturelle des années 70, finement illustrés) et quatre pousses d’arbres en pot (aubépine, troène, cyprès de Provence, érable negundo). J’ai gagné ce coup-ci plus de quatre-vingts euros, mais dont soixante en vendant seulement trois objets chics providentiellement offerts par une voisine. Sans eux la pêche eût été maigre. Et j’ai vendu quatre des cinq livres, ceux sur les fleurs, les arbres et les champignons, seul est resté celui sur les poissons d’aquarium. Quant aux petits arbres, plusieurs passants se sont arrêtés pour les examiner ou m’interroger à leur propos, mais personne n’en a acheté. Peut-être parce qu’il s’agissait cette fois-ci de plantes inutiles…

samedi 2 août 2025

baleines

Lettre documentaire n° 530

DES BALEINES, par Gabriel Soares de Sousa 

(Chapitre II-125 de sa Notícia ou Tratado descritivo do Brasil, 1587)

    Je crois qu’il convient dans ce premier chapitre (1) de parler des baleines qui viennent dans la Baie (2). Ce sont les plus grands poissons de cette mer et les Indiens les nomment pirapuã (3). Il en entre beaucoup dans la Baie au mois de mai, qui est le premier de l’hiver dans cette région, et elles y séjournent jusqu’à la fin décembre, quand elles s’en vont. Pendant la saison d’hiver, qui dure jusqu’au mois d’août, les femelles mettent bas dans cette baie, à l’abri des tempêtes de la haute mer. Elles gardent là leurs petits trois ou quatre mois, jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de suivre leur mère au large. A cette époque les femelles recommencent à frayer, ce à quoi elles oeuvrent en grand tumulte. Quand les baleines sont dans la Baie, le poisson fuit vers les hauts-fonds ou les cavités, où elles ne peuvent les suivre, et parfois en les poursuivant elles viennent à s’échouer, comme il est arrivé dans le fleuve de Pirajá (4) en l’an 1580, où deux se sont échouées, un mâle et une femelle, que tout le monde a pu voir. J’ai fait mesurer la femelle, qui était entière. Elle était longue de soixante-treize empans (5) de la queue à la tête, et haute de dix-sept (6), sans compter la partie enfoncée dans la vase où elle reposait. Le mâle était sans comparaison plus grand mais on n’a pu le mesurer, car il avait déjà été équarri et sa chair emportée pour en tirer l’huile. La femelle avait la gueule si grande que j’ai vu un nègre installé entre les deux mâchoires, tranchant dans la lèvre du bas avec une hache qu’il tenait à deux mains, sans toucher celle du haut. Le bord de la lèvre était aussi gros qu’un tonneau de six almudes (7), et la lèvre du bas était en saillie par rapport à celle du haut, au point que ... (8). Cette baleine était grosse et on en a extrait un baleineau grand comme une barque de trente empans (9) de quille. On a tiré de ces deux baleines tant d’huile, que la contrée en a été gavée pendant deux ans. Quand les baleines sont dans la Baie, elles vont par troupes de dix ou douze et sont très redoutées de ceux qui naviguent, car elles se déplacent en rugissant et en bondissant, lançant de l’eau très haut en l’air. Et il est déjà arrivé qu’elles mettent des bateaux en pièces d’un coup de queue, entrainant la mort de leurs occupants.

Notes. 
1. Le premier des chapitres qu’il consacre aux «poissons». 
2. La Baie de Tous les Saints, Bahia. 
3. Pirapuã : du tupi pira = poisson et puã = dressé. 
4. Pirajá (= plein de poissons) est aujourd’hui encore le nom d’un quartier de Salvador, non loin de la crique d’Itapagipe. 
5. 73 empans de 22 cm, soit environ 16 mètres. L’espèce la plus commune sur les côtes brésiliennes, la baleine à bosse (Megaptera novaeangliae ou M nodosa) peut mesurer jusqu’à 18 mètres, mais contrairement à ce qui est suggéré plus bas, les mâles sont en moyenne plus petits que les femelles. 
6. Soit environ 3,75 mètres. 
7. L’almude peut valoir entre 16 et 32 litres, soit un tonneau d’entre 100 et 200 litres. 
8. Passage obscur (tanto que se podia arrumar de cada banda dele um quarto de meação). Le champagne à qui m’explique ce quarto de meação. 
9. Soit environ six mètres et demi.

vendredi 1 août 2025

Stevenson

    Une nouvelle écrite par Robert Louîs Stevenson dans ses dernières années, restée longtemps inédite, enfin publiée aux USA en 1989 d’après un manuscrit retrouvé, telle est The enchantress, dont je viens de lire la traduction française La magicienne (Rivages, 1991). Cela raconte l’aventure d’un jeune aristo chic mais fauché, un peu dindon aussi (ruiné au jeu) qui épouse une belle orpheline riche mais sous tutelle, rencontrée providentiellement. C’est elle qui le demande en mariage et l’on comprend enfin que cette maitresse femme veut seulement se libérer de sa tutelle par cette union et n’a pas l’intention de vivre avec le bonhomme. Cette histoire à dormir debout ne m’a pas passionné. J’ai trouvé le titre français trompeur, je pense que j’en aurais choisi un autre.

mardi 29 juillet 2025

Arkansas

    En écho à ma remarque de l’autre jour (le 21) sur le devenir hyper-visible du monde, je lis dans un article, à propos de deux randonneurs mystérieusement assassinés dans un parc naturel de l’Arkansas, que les enquêteurs de la police puisent évidemment à ces deux sources : les caméras de surveillance et les vidéos aléatoires des touristes.

lundi 28 juillet 2025

Bing

    La mouche que vous ratez, qui s’envole in extremis, échappant ainsi à la tapette Bing, et qui pour comble vient se poser sur l’arme, quand ce n'est sur vous-même.

vendredi 25 juillet 2025

carrefour

    J’ai rêvé que je visitais une grande ville, peut-être Paris, avec l’ami Yannick L. Nous étions à un carrefour, d’où une possibilité était de faire le tour d’un vaste quartier rectangulaire, attirant parce que célèbre, mais j’avais un peu la flemme d’y aller. Connais-tu déjà cet endroit ? lui demandai-je. Oui, répondit-il, c’est le quartier lituanien. Dans ce cas, repris-je, il n’est peut-être pas nécessaire d’y aller. Je me sentais comme souvent hésitant, dansant d’un pied sur l’autre…

jeudi 24 juillet 2025

check

    Vers la fin du mois dernier Google News a enfin subitement renoncé à son secteur de fact check ou fact-checking, mettant ainsi fin a des années d’un usage ridicule, consistant surtout à vérifier la conformité des nouvelles avec l’idéologie politicorrecte.

mercredi 23 juillet 2025

Xénophon

    Parce que Tesson le recommande, j’ai consulté l’Economique, de Xénophon, qui ne m’a pas emballé. Bien déçu par son chapitre «De la plantation des arbres, notamment de la vigne, des figuiers et des oliviers» : il n’en dit presque rien, sa science consiste essentiellement à évaluer la profondeur du trou de plantation.

mardi 22 juillet 2025

Tesson

    Ayant trouvé dans une boite à livres celui de Sylvain Tesson Sur les chemins noirs (2016), qui m’inspirait, j’en ai lu une bonne moitié, puis comme il me lassait j’ai seulement survolé le reste. Après avoir fait une chute de huit mètres en escaladant ivre une façade d’immeuble en août 2014, ce qui lui a valu de multiples fractures, et après avoir passé un an en convalescence, l’auteur a décidé, pour se remettre en forme, d’effectuer une longue marche. C’est ainsi qu’en un peu plus de deux mois, de la fin août au début novembre 2015, il a traversé la France en diagonale, du sud-est au nord-ouest, depuis la frontière italienne jusqu’à la pointe du Cotentin, en suivant les petits chemins de campagne qu’il repère sur les cartes topographiques de l’IGN. Il marche seul, parfois rejoint par un(e) ami(e), et transporte ses bagages, dont une tente. ll fait du camping sauvage en forêt, dans les champs, dans des ruines, et couche quelquefois dans un hébergement. C’est une bonne idée, d’avoir tiré un livre de cette expérience, en écrivant en moyenne deux pages par jour. Tesson raconte bien, sans essayer d’être exhaustif, en rapportant juste les scènes, les vues qui lui importent. Mais le récit est alourdi par les incessantes méditations sur le vilain monde moderne, que l’auteur s’emploie à fuir dans les zones hyper-rurales, soi-disant pleines de révélations. Cette philosophie n’est pas sans intérêt mais j’ai trouvé qu’elle alourdit l’ouvrage, plus qu’elle ne le tonifie.

lundi 21 juillet 2025

visibilité

    Aujourd’hui tout le monde filme tout. Pour en revenir à une question que j’abordais naguère (le progrès des techniques et la démocratisation de leur usage, le 21 IV), il me semble qu’un aspect de la situation présente peut se résumer dans cet axiome : Aujourd’hui tout le monde, ou à peu près, non seulement filme ou photographie tout, mais diffuse les images sur internet. L’usage des caméras de sécurité avait déjà contribué depuis des années à rendre le monde plus visible, il devient hyper-visible maintenant que tout un chacun est reporter. Cela présente des inconvénients, comme l’étalage du mauvais goût, l’encouragement à l’exhibitionnisme, etc. Mais aussi bien des avantages, que l’on ne finirait pas d’énumérer. Parmi eux les vidéos didactiques, ne serait-ce que les innombrables tutos montrant comment bricoler, jardiner, cuisiner, etc. Autre exemple, les vidéos animalières, révélant les charmes et les drames de la vie des bêtes. Il y a aussi l’information générale sur l’actualité : comme a fait remarquer Elon Musk, on est maintenant plus vite informé des événements par les réseaux sociaux que par les médias professionnels. Je citerai enfin tout l’enseignement que l’on peut tirer du fait que les crétins ne se lassant pas d’exposer leurs âneries, les malfaiteurs leurs crimes, et les affreux leurs horreurs, on est ainsi édifié sur leurs agissements.

dimanche 20 juillet 2025

noms

EN RANGS

Pío Moa
Ciro Bayo
Elon Musk
Geof Huth
Juan Rufo
Léon Bloy
Mark Dice
Roger Moore
Rubén Darío
Albert Caraco
Blaise Pascal
Marcel Proust
Robert Graves
Thomas Merton
Antoine Rivarol
Chester Carlson
Jacques Abeille
Friedrich Nietzsche

(Dans ce poème-liste je me suis amusé à collecter des noms de personnalités, dont le prénom et le patronyme comptent le même nombre de lettres. (J'adore cet équilibre. Que ne m'appelé-je Filip Billé...). Je les ai disposés par ordre croissant de longueur, et à chaque longueur dans l'ordre alphabétique du prénom.)

samedi 19 juillet 2025

crotales

En relisant quelques pages du Tratado descritivo do Brasil, de Gabriel Soares de Sousa (1587), je retrouve ce passage qui m’avait frappé, au chapitre II-111, à propos des jararacas, nom tupi du Fer de lance commun, serpent de la famille des crotales, qui sont les vipères d’Amérique. Je traduis : «Ces serpents ont pour dents des crocs, avec lesquels ils mordent en biais. Il est arrivé dans la capitainerie des Ilhéus qu’un de ces serpents a mordu un homme à travers sa botte, lequel n’a pas senti de douleur et s’est moqué du serpent, mais il est mort le lendemain. Or comme on vendait ses habits aux enchères, un autre homme a acheté ses bottes et il est mort en vingt-quatre heures, avec les jambes gonflées. Alors on a examiné les bottes et on y a trouvé plantée la pointe de la dent, fine comme une aiguille. Ce qui a bien montré que ces jararacas ont le poison dans les dents.» Je me demande si cette histoire est véridique ou s’il faut en douter.

vendredi 18 juillet 2025

Vylan

    Bel étalage d’arrogance haineuse que cette scène où l’on voit Bob Vylan (huhu) interpréter au festival de Glastonbury, à la fin du mois dernier, son tube I heard you want your country back, dont les paroles sont des variations sur le thème : J’ai entendu dire que tu veux récupérer ton pays / Ferme ta gueule / C’est pas possible. Le détail frappant est que ces propos peu aimables sont adressés par un homme de couleur à un public essentiellement blanc, qui applaudit. Une foule de lemmings masochistes qui paye pour se faire cracher à la gueule, c’est une assez bonne allégorie du suicide de l’Occident.

jeudi 17 juillet 2025

adresses

    Les morts ne disparaissent pas de mon carnet d’adresses. Je n’aurais pas le coeur de les en supprimer. J’efface le téléphone et le mail, qui ne serviront plus, mais je conserve le nom et l’adresse, pour sait-on jamais une enquête, un pèlerinage, le souvenir. Mon carnet d’adresses est un simple fichier d’ordi, j’y entre les personnes dans l’ordre alphabétique du prénom, une ligne chaque, deux trois si besoin. Outre le prénom et le nom, je peux noter l’adresse, le mail, le téléphone, parfois une seule de ces infos. A l’occasion je note aussi d’autres détails, le pseudonyme éventuel, quelquefois le prénom du conjoint ou des enfants, pour n’être pris au dépourvu si c’est eux qui répondent. Risque faible car j’appelle rarement, étant terrifié par le téléphone, sauf avec vraiment les proches, et j’en ai si peu. Souvent j’entre les artisans au métier, je le retiens plus facilement que leur nom, Bûcheron Untel, Jardinier Untel, Maçon Untel, etc. J’insère aussi dans l’ordre alpha les institutions, et maintenant les sites, pour retrouver mes identifiants et mots de passe. Ce carnet virtuel me rend bien des services.

dimanche 13 juillet 2025

vie

    Un trait commun aux grandes religions traditionnelles et aux nouvelles religions idéologiques consiste en cet acharnement à démontrer, contre toute évidence, que la vie est belle et qu’elle a un sens.

vendredi 11 juillet 2025

proportion

    Je n'ai déjà plus entre les mains le bon livre de Juan Rufo, mais il me revient que le préfacier Alberto Blecua, évoquant l'importance du jeu dans la vie de l'écrivain et les ennuis que cette addiction lui avait valus, signalait que cela se reflétait dans ses sept-cent-sept apophtegmes, dont parait-il environ dix pour cent abordent le sujet. Et il m'amuse de constater que, par pure coïncidence, la proportion s'est maintenue dans ma Lettre documentaire, où exactement deux des paragraphes (77 & 211), sur les vingt traduits, évoquent le jeu.

jeudi 10 juillet 2025

Rufo

L’écrivain et militaire Juan Rufo (1547-1620) naquit et mourut à Cordoue, mais vécut aussi ailleurs en Espagne et en Europe. On sait qu’il avait la passion du jeu. Il reste connu principalement pour deux oeuvres littéraires : un poème épique, La Austríada (1584) et un recueil d’anecdotes et de traits d’esprit, Las seiscientas apotegmas (1599). J’ai eu l’occasion de feuilleter cette intéressante somme de «six cents apophtegmes», en fait au nombre de 707, dans l’édition des Clásicos castellanos (1972). Ce sont des textes brefs, longs de deux lignes à une demi-page, dans lesquels l’auteur, 
parlant de lui à la troisième personne, se cite lui-même. Il y rapporte les bons mots, les répliques qu’il a donnés en telle ou telle circonstance. L’essentiel de l’ouvrage est en prose, avec aussi quelques vers çà et là. Les nombreuses anecdotes où est dépeinte la vie quotidienne de l’époque, m’ont fait penser aux historiettes de Tallemant des Réaux, à ceci près que Tallemant parlait des autres, quand Rufo se met lui-même en scène. Pour divertir mes lecteurs, je me suis aventuré à traduire une vingtaine des apophtegmes de Juan Rufo, parmi les plus brefs, dans ma Lettre documentaire 529.

apophtegmes

Lettre documentaire n° 529

VINGT APOPHTEGMES de Juan Rufo (1599) 
choisis et ici traduits par Philippe Billé 

23. Un vieil homme lui dit qu’il ne savait pas pourquoi la Nature donnait des cheveux blancs aux hommes plus qu’à tous les animaux. Il répondit : «Pour hisser un drapeau blanc entre l’ardeur de la jeunesse et la prudence.»

77. Un homme pauvre demanda une petite pièce à un autre, qui gagnait au jeu, lequel non seulement ne la lui donna pas, mais lui dit très rudement d’aller voir en Guinée. Il lui dit : «Vous l’envoyez bien loin, et lui donnez si peu pour la route.»

78. Venant d’écouter un grand joueur de viole, mais qui n’avait guère de voix, il dit «qu’il avait fort bien mangé, mais qu’il était mort de soif».

158. Un homme, qui ne devait pas être très instruit, demanda «si Sénèque était de Cordoue». Il lui répondit : «Mais d’où voulez-vous qu’il fût ?»

186. Traversant la Catalogne, et voyant quelques arbres où se trouvaient pendus des corps et beaucoup de squelettes, il dit «qu’ils étaient plus fructifères que ceux des coteaux de Plasencia».

211. Ayant perdu tout son argent, il sortit seul du corps de garde, alors que les fois où il gagnait, il était fort accompagné. Croisant un soldat, qui lui demanda comment ça s’était passé, il lui répondit : «Demandez-le à ceux qui m’accompagnent.»

235. Venant d’assister à une comédie, comme on lui demandait comment il l’avait trouvée, il dit : «C’est un portrait de Judas, qui vécut apôtre et mourut démon.» Il dit cela parce que la farce était bonne mais finissait mal.

281. A une belle dame, qui ne semblait pas mal voir, mais arborait un face-à-main, il dit : «D’autres s’en servent pour mieux voir, et vous, Madame, pour être mieux vue.»

349. Certain ivrogne s’étant noyé en nageant dans le Guadalquivir, il dit : «Cet homme a fini par mourir entre les mains de son pire ennemi.»

404. Certains gentilshommes donnèrent à une femme huit coups de poignard, voulant la tuer pour qu’elle ne dévoile pas un secret important. Mais comme elle survécut et le racontait à tout le monde, il dit : «Pour faire garder à cette femme une bouche close, ils lui en ont ouvert huit de plus.»

491. Des amis, gens de très bon goût, repartaient de chez lui, et comme, en prenant congé, ils lui demandaient quand il voulait qu’ils se revoient, il répondit : «Toujours».

536. Un ami lui conseillait de retourner à Cordoue, car après tout c’était sa patrie, il s’y trouverait mieux qu’en terre étrangère. Il répondit : «L’homme pauvre est toujours en terre étrangère.»

555. Il dit que se teindre les cheveux blancs, c’est comme porter une barbe postiche.

575. Comme la messe commençait, lui et un ami se trouvaient si loin de l’autel, qu’ils ne pouvaient rien entendre. Lorsque l’autre se mit à avancer vers l’autel, en lui disant «Gagnons du terrain», il répondit : «Et du ciel.»

588. Les hôtes, il dit «qu’ils étaient comme les oeufs : quand ils sont frais, un aliment sain et délicieux, mais quand ils ne le sont plus, personne ne les supporte».

593. Il dit aussi «que la beauté sans honnêteté, c’est comme un jardin sans eau, ou comme des fleurs piétinées».

617. Deux frères presque du même âge étaient si inégaux de corps, qu’ils ne semblaient pas frères, et comme on lui disait qu’ils étaient fils d’un même père, il répondit : «qu’on aurait plutôt dit des doigts d’une même main».

647. Il dit «que le monde est une prison ; la naissance, une condamnation à mort ; et la vie, des heures comptées.»

648. Et une autre fois, «que la vie n’est rien d’autre qu’une étude des façons de bien ou mal mourir.»

693. De deux sortes de personnes il disait «qu’il ferait beaucoup, celui qui les consolerait : le riche se voyant mourir, et la belle femme se faisant vieille.»

mardi 8 juillet 2025

garde

PAGE DE GARDES

garde alternée

garde-barrière

garde-boue

garde champêtre

garde-chasse

garde-chiourme

garde-corps

garde-côte

garde forestier

garde-fou

garde impériale

garde-manger

garde-meuble

garde nationale

garde partagée

garde prétorienne

garde rapprochée

garde républicaine

garde-robe

garde rouge

garde suisse

lundi 7 juillet 2025

Ama

Emprunté une bédé à Villeneuve, ça faisait longtemps : Ama Le souffle des femmes, scénario Franck Manguin, dessin Cécile Becq (Editions Sarbacane, Paris, 2020). C’est l’histoire d’une jeune femme de Tokyo quittant sa famille pour aller s’installer chez sa tante rurale et rustique, sur une petite ile où elle s’initie au rude métier de pêcheuse d’ormeaux. Ce n’est pas mal dessiné mais l’ouvrage vaut surtout par ses enseignements sur la culture japonaise, et sur la nature humaine en général. Je ressors de cette lecture convaincu que les femmes sont des êtres sympathiques, énergiques, solidaires et sensibles, alors que les hommes, sauf exception, sont des sales types, au mieux des pauvres types. Le sous-titre aurait dû m’alerter.

dimanche 6 juillet 2025

Perses

    Encore une pièce de théâtre tirée d’une boite à livres, cette fois-ci Les Perses, d’Eschyle, dans une vieille petite édition des Classiques pour tous (Librairie Hatier, 1946). Le fantôme de Darius et son épouse se lamentent sur la pâtée impériale que s’est prise leur fils Xerxès à la bataille navale de Salamine, où il était allé souffler dans le nez des Grecs, et les choeurs ne leur remontent pas le moral. S’agissant d’une traduction en prose, du reste élégante (par Charles Georgin), je ne peux juger du style de l’auteur. Le texte est encore plus ennuyeux que du Yasmina Reza, mais il a pour lui sa dignité d’oeuvre antique, ayant traversé les millénaires. Une image m’a plu : Hélas! hélas! les cadavres de nos amis, leurs membres tout pénétrés d’eau salée, sont donc ballottés, errants, au milieu des écueils…

vendredi 4 juillet 2025

néomots

    Mes néomots de ces derniers temps : charenté, tourmentir, vitraillette.

jeudi 3 juillet 2025

changement

Lettre documentaire n° 528

TOUT CHANGE, SANS CESSE.

Anthologie en kit (à compléter) d’auteurs exprimant cette idée.


    Héraclite : «On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve.»

    Marc-Aurèle : «Tout est en train de se transformer.» (Pensées, IX, 19).

    Montaigne : «Le monde n’est qu’une branloire pérenne. Toutes les choses y branlent sans cesse … La constance même n’est autre chose qu’un branle plus languissant.» (Essais, III, 2, Du repentir).

    António Vieira : « Tout ce qui est dans ce monde, n’y est qu’un instant. Ce qui fut, n’est plus ; ce qui va être, n’est pas encore ; et ce qui est, n’est qu’à l’instant présent. » (Sermon du premier dimanche de Carême, 1655, in 501 pensamentos do Pe Vieira, São Paulo, 2001, n° 9).

    Rousseau : « Tout est dans un flux continuel sur la terre » est repris plus loin : « Tout est sur la terre dans un flux continuel qui ne permet à rien d’y prendre une forme constante. Tout change autour de nous. Nous changeons nous-mêmes… » dans Les rêveries du promeneur solitaire (posthume, 1782, promenades V et IX). 

    Herder dans Ideen zur Philosophie der Geschichte der Menschheit, (1784, I, 4), soit Idées pour la philosophie de l’histoire dans l’humanité, telles que traduites de l’allemand par Edgar Quinet en 1827 :  « Tout est changement sur notre terre … Pendant que la sphère tourne, les peuples tournent avec elles… » ou citées  par le comte Joseph de Maistre en 1857 à la page 150 de ses Lettres à un gentilhomme russe sur l’Inquisition espagnole : «Tout sur notre globe, n’est que roue et changement … Les virevoltes d’une boule sont l’image de tout ce qui se passe sur notre terre.» ou encore traduites en 1962 par Max Rouché dans la Collection bilingue des classiques étrangers : «De même que la sphère tourne, tournent aussi à sa surface les têtes et les climats, les moeurs et les religions comme les coeurs et les costumes.»

mercredi 2 juillet 2025

Reza

    Ayant trouvé dans une boite à livres la plus célèbre pièce, «Art», de la célèbre écrivaine Yasmina Reza, j’ai passé, peut-être perdu, un moment à la lire. Cela raconte sur quelques soirées les chamailleries de trois amis dont le plus riche, Serge, dermatologue et amateur d’art contemporain, vient de payer une fortune pour s’offrir un tableau intrigant, grand rectangle blanc parcouru de lignes blanchâtres. Son ami Marc, ingénieur, également friqué mais de goût plus classique, est scandalisé par cette dépense pour une oeuvre qu’il juge sans valeur et qu’il qualifie de «merde». Le troisième homme, Yvan, simple représentant, et d’un naturel conciliant, adopte un point de vue intermédiaire. La dispute dérive par moments sur des questions personnelles secondaires. Cette comédie ne m’a pas beaucoup intéressé mais il parait qu’elle a obtenu un grand succès depuis sa création en 1994, ayant été plusieurs fois mise en scène, avec de bons acteurs, primée, et traduite dans trente-cinq langues. Sans doute présente-t-elle au public un miroir dans lequel il reconnait les questions que tout le monde s’est posées un jour ou l’autre, sur le thème L’art contemporain est-il de l’esbroufe ? Pour ma part, je ne me retrouve pas bien dans ce questionnement, étant habitué à voir dans l’art contemporain, y compris dans les avant-gardes les plus extrêmes, aussi bien des oeuvres que je prise et d’autres que je méprise. Quant à la dépense, ma foi, je suis d’avis que chacun a le droit d’user de ses avoirs comme il lui plait. J’aurai bien sûr plus d’estime pour quelqu’un qui dépense avec discernement, mais si un riche imbécile veut gaspiller sa fortune, je n’y vois aucun inconvénient. J’y verrais même l’avantage, selon la théorie du ruissellement, que ce serait là autant de bien diffusé dans le corps social. La question qui me parait plus discutable, touchant l’art contemporain, est celle des subventions publiques, dont la pièce ne dit rien. Qu’un particulier jette son argent par les fenêtres, n’importe, mais je suis très tatillon sur l’emploi de l’argent du contribuable.

mardi 1 juillet 2025

promotion

    Je doute qu’aucun universitaire ait jamais le courage ou l’autorisation de consacrer ses recherches aux processus de promotion sociale par la coucherie. Je crois qu’une telle étude établirait que ce favoritisme a profité aux femmes et aux homosexuels, plus souvent qu’aux hommes hétérosexuels.

lundi 30 juin 2025

Zulmira

    Les Máximas inéditas de Tia Zulmira (Editora Codecri, Rio de Janeiro, 1976) sont une oeuvre du journaliste et humoriste brésilien Sérgio Porto (1923-1968) parue posthumément sous son pseudonyme Stanislaw Ponte Preta. J’ai lu en entier ce mince volume sans y trouver une seule maxime à mon goût. On y remarque au mieux quelques définitions métaphoriques à la Gómez de la Serna, ainsi (je traduis) «Le colibri est l’hélicoptère de Dieu» (p 55) ou «Le pharmacien est le sergent de la médecine» (p 73). Le reste est ricanement soixante-huitard (genre «Le policier est toujours suspect», p 48) sans grand intérêt.

dimanche 29 juin 2025

Sagan

    Il est toujours délicat de parler d’un livre qui vous a plu un peu mais sans plus, ainsi du Avec mon meilleur souvenir, de Françoise Sagan (Gallimard, 1984). N’étant guère porté sur la fiction et n’ayant jamais lu de roman de Sagan, je gardais depuis quelques mois sous le coude ce recueil de fragments autobiographiques, légué je crois par Fred R. Le volume est solidement charpenté en dix chapitres, dont cinq portant sur des artistes que l’auteuse a connus (B Holiday, T Williams, O Welles, R Noureev, J-P Sartre), alternant avec cinq autres sur divers sujets (Le jeu, La vitesse, Le théâtre, Saint-Tropez, Lectures). On y retrouve plus en détail ce que la rumeur nous avait déjà vaguement fait savoir sur le personnage de cette écrivaine joueuse, bohème, bambocheuse, etc. Son univers ne m’attire guère mais le texte se laisse lire parce qu’il est écrit avec soin, sans façons (on ne compte pas les formules du genre C’était en telle ou telle année, je ne sais plus bien) et semble-t-il avec sincérité. Sagan a quand même réussi à m’attendrir momentanément sur le vieux Sartre presque aveugle, qu’elle aide à manger au restaurant, ce n’est pas rien.

vendredi 27 juin 2025

Madrid

    Avec un peu de retard, j'ai déposé sur Facebook un album réunissant une vingtaine de photos prises durant mon séjour à Madrid le mois dernier. Voir ici.

lundi 23 juin 2025

Vilain

    Ayant lu par hasard il y a quelques mois et n’ayant pas détesté le petit livre Le jeune homme, dans lequel Annie Ernaux raconte sa liaison pendant un lustre avec un homme beaucoup plus jeune qu’elle, puis ayant appris que celui-ci, Philippe Vilain, venait à son tour de publier un ouvrage où il expose sa version des faits, Mauvais élève (R Laffont, 2025), j’étais curieux de le lire et je viens de l’emprunter. A cette occasion j’apprends qu’en fait l’écrivaine a évoqué l’idylle dans deux autres livres, et que de même l’ancien amant l’a déjà représentée dans deux romans avant de publier cet essai autobiographique. A vrai dire Annie Ernaux n’apparait qu’au bout d’une centaine de pages, dans ce récit plus globalement consacré à décrire la métamorphose intellectuelle de l’auteur depuis son adolescence. Au départ marginal délinquant illettré, fils de prolo alcoolique, il a peu à peu pris goût aux études et à la littérature, notamment sous l’influence de cette maitresse providentielle, à laquelle il a fini par consacrer une thèse de doctorat. Je dois avouer que ce livre m’a un peu déçu, je l’ai trouvé intéressant mais souvent ennuyeux, notamment dans cette première centaine de pages que je n’ai pu lire avec soin, me contentant de la survoler. On est content pour lui que l’auteur ait appris à écrire correctement, mais cela ne suffit pas à produire un texte captivant. Il faut dire que non seulement la matière (une existence médiocre dans un milieu médiocre) est ingrate, mais qu’en outre elle est traitée sur le ton besogneux de la soso, la sociologie socialiste. C’est qu’Annie comme Philippe, et celui-ci sans doute à cause de celle-là, sont imbibés d’idéologie balourde, fiers de défiler avec Krivine et Laguiller ou de «tuteurer un sans-papier algérien désireux de se marier avec une Française» (page 161). Obsédés par la classe sociale, ils voient partout du privilège et de l’oppression, de l’héritage et de la distinction. Ils vivent dans un monde sans surprise, où tout est déterminé, et voient les gens autour d’eux comme des personnages pour lesquels, dirait Davila, «la psychologie est de trop, la sociologie suffit». Fort heureusement la vie réelle ne se déroule pas exactement comme dans les bourdieuseries et Vilain admet que sa propre trajectoire est un contre-exemple du déterminisme marxiste. Dans l’analyse de ses rapports avec Annie, il observe au moins deux malentendus. D’une part elle prétend retrouver en lui son modeste milieu d’origine, mais lui voit bien qu’elle est issue d’un milieu pas si modeste que ça, et socialement supérieur au sous-prolétariat dont lui procède (« nous ne provenions pas du même milieu modeste … Un monde séparait nos milieux modestes », 120-121). D’autre part il pense qu’ils étaient attachés l’un à l’autre de façon asymétrique, par des penchants différents («je devinais que le passionné de littérature que j’étais l’attirait moins que mon corps», 115). En tout cas elle semble avoir été très amoureuse, et l’être restée y compris après avoir rompu avec lui. La seule scène vraiment émouvante du livre est celle où, un an après la séparation, elle demande à le revoir et tente de renouer (223 sq). Mais c’est trop tard, car il est maintenant engagé dans une autre relation, et elle a du mal à l’accepter. Accessoirement je me suis trouvé un petit sujet de méditation à un moment où l’auteur, pour montrer qu’Annie est sérieusement embourgeoisée, évoque le rituel compliqué des repas : «j’étais chargé de dresser la table, d’allumer les chandelles, de choisir la musique classique qui servirait de fond sonore, et je me trompais toujours de côté en plaçant les couverts, je confondais les fourchettes à entrée avec celles à plat ou à dessert, les couteaux, les cuillères, les multiples verres, les assiettes … » (164-165). Pour ma part je me dis que si vraiment c’est un privilège, que d’avoir à se colleter avec de multiples verres et couverts, j’aime autant m'en passer… 

dimanche 22 juin 2025

abc

VITAMINE A

Poème-liste, sur une idée

de Christophe Petchanatz


Vitamine A

Plan B

Vitamine C

Système D

Vitamine E

Point G

Heure H

Génération I

Jour J

Vitamine K

Taille L

Taille M

Quantité N

Groupe O

Point P

Source Q

Valeur R

Taille S

Ford T

Super U

Rayon X

Chromosome Y

Série Z