samedi 19 février 2022

périple

Rentré hier de mon périple de dix jours, en Dordogne où je n’ai passé que deux nuits, puis en Gironde le reste du temps. Il y avait longtemps que je n’avais suivi le trajet oblique de la Croix vers le Périgord. J’ai d’abord descendu plein Sud jusqu’à Mirambeau, puis viré sur la route des Monts (Montendre, Montlieu, Montguyon, Montpon). Ensuite Mussidan etc. J’ai revisité Bergerac en traversant lentement la ville du Nord au centre, puis du centre vers l’Ouest. Je suis passé devant la cité de mon enfance, que l’on appelait alors «les blocs», et j’ai vu que chez nous il y avait maintenant une parabole au balcon. Comme j’en avais très envie, je suis retourné voir le vieux barrage en aval de la ville. Il n’y a pas de grand bâtiment, juste une muraille qui barre la rivière en biais, et sur le côté une écluse. J’ai toujours aimé cet endroit paisible où mon père allait pêcher jadis, et où je suis souvent allé prendre l’air, voir les oiseaux, cette fois-ci un cormoran, écouter le bruit de l’eau et ramasser des trucs parmi le bois flotté. J’ai eu de la chance ce jour-là, il faisait un temps radieux. Je ne suis resté que quelques minutes. J’ai avancé jusqu’à la passerelle métallique qui enjambe l’embouchure du Caudau, un petit affluent de la rive droite, peu après le barrage. Depuis la rembarde je voyais dans l’eau limpide du ruisseau une sombre masse d’environ un mètre sur deux, que j’ai d’abord prise pour un tapis d’algues, avant de réaliser que c’était un banc de centaines de petits poissons serrés les uns contre les autres. Des ablettes, m’a dit un ancien qui se trouvait là. (Plus tard dans la semaine j’ai publié une photo du banc sur Facebook et quelqu’un a expliqué que c’était le frai des ablettes). Ce jour-là j’ai passé l’après-midi dans mon bois de Cunèges, où je n’étais plus allé depuis exactement deux ans. J’étais content de le revoir mais contrarié de ne pas avoir le temps d’y remettre autant d’ordre qu’il aurait fallu. En Gironde j’ai consacré une après-midi à faire des courses dans Bordeaux. Je n’ai rendu visite qu’à maître Isidore, en son atelier d’Ali Baba. J’ai passé le reste du temps près du cher Bassin, entre Biganos et Andernos. Ces jours-ci mon hôtesse hébergeait aussi une petite poule de Hollande, d’un beau noir à reflets verts, avec sur la tête une huppe blanche. D'ordinaire je ne raffole pas de ces races décoratives, mais la compagnie du petit volatile m’a bien plu. Un peu partout sur la route j’ai fouillé des boites à livres. Parmi les meilleures prises, deux brochures des sixties sur le Badminton et sur la Morue, un livre de 1912 sur les Balkans, et le journal posthume de Pascal Sevran. Isidore aussi a institué une boite à livres dans son Epicerie (allez le voir, 17 rue Elie Gintrac). Il comprend que je pique des livres pour les revendre. J’ai pris chez lui Une rencontre à Pékin, de Jean-François Billeter (Allia, 2017). J’ai d’ailleurs lu ce bon livre, où le sinologue raconte comment il a connu la jeune Chinoise qu’il a épousée dans les années soixante. Il y a là une évocation glaçante des années de furie maoïste, du fliquage mesquin généralisé. Et puis je suis rentré, m’occuper de mes parterres.

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