Philippe Sollers est mort avant-hier, paraît-il. A 86 ans, belle durée pour un fumeur. J’ai longtemps fumé en me servant comme lui de ces fume-cigarettes noirs avec une bague dorée, que je trouvais assez chics. Si ça se trouve, c’est lui qui m’en avait donné l’idée. J’avais à son égard des sentiments mélangés, il m’a souvent fait ricaner, mais parfois sourire. Je crois n’avoir lu que trois de ses livres. D’abord Une curieuse solitude, il y a si longtemps que j’en ai perdu tout souvenir, sauf d’une phrase, de mémoire «Elle me branlait doucement», parlant de sa femme de chambre qui le croyait endormi. Puis son Carnet de nuit, dont je n’ai aimé que le bon mot «Longtemps je me suis couché de bonne heure, cinq ou six heures du matin» (cf mon Jd, 22 08 90). Et son journal de L’année du tigre, qui ne m’a pas fait grande impression (Jd, mars 04). Son style ne m’attirait pas, ni ses idées. Il avait été pro-soviétique, pro-chinois, pro-pédophile, anti-France (la «France moisie»), pro-Debord (Sollers adorait Mozart, Venise et Guy Debord, cherchez l’intrus). Mais bon, je n’ai pas trop de leçons à donner, pour ce qui est d’avoir cru à des conneries. C’était un malin, un «sollers», pas un génie. C’était un bon lecteur et un super baratineur, donc un bon éditeur. Il avait paraît-il une résidence au Martray, qui est un bel endroit, celui où l’île de Ré est le plus étroite. J’avais aimé les évocations de son personnage dans le journal de Nabe. Une fois, Nabe lui affirmant que Dieu n’existe pas, il avait eu cette superbe réponse : Mais c’est tout comme !
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