mercredi 26 mai 2021

darío

Lettre documentaire 515.

Iñaki Uriarte : Lettre à Ian Gibson.

Dans le chapitre 2002 du recueil de ses journaux (Diarios 1999-2010) publié à Logroño en 2019, Iñaki Uriarte reproduit une lettre (p 136-137) qu'il a adressée à l'hispaniste irlandais Ian Gibson, lequel venait de publier une biographie romancée mais très documentée du poète moderniste nicaraguayen Rubén Darío (Yo, Rubén Darío). Cette belle lettre autobiographique ne figurant pas dans l'édition française abrégée des journaux d'Uriarte (Bâiller devant Dieu, Séguier, 2019), j’ai le plaisir d’en présenter ici une traduction à mes lecteurs.

    Cher Monsieur Gibson,
    Je m’appelle Iñaki Uriarte et je vous ai parlé au téléphone à propos de la pension que possédait mon grand-père à New York, dans laquelle, à ce que j’ai entendu dire dans ma famille, Rubén Darío a vécu durant son dernier séjour dans cette ville.
    Vous citez dans votre livre une «pension minable de la 64e rue», où Darío aurait logé en sortant de l’Hôpital Français, où on l’avait soigné pour une pneumonie. La pension de mon grand-père se trouvait aux numéros 11 à 15 de la 82e rue. Je ne sais si c’est celle dont vous parlez (c’était un établissement modeste mais quand même pas minable) ou si c’en était une autre.
    Ce que j’aimerais savoir, c’est si vous disposez de quelque indication qui n’apparaitrait pas dans votre livre, mais qui me renseignerait sur la pension de mon grand-père, sur laquelle je sais très peu de choses. Il s’appelait Moisés Cantolla et il était né dans un village de Cantabrie. Il a émigré aux Etats-Unis. Là-bas il s’est marié avec ma grand-mère, une émigrée galicienne. Ils avaient une pension, où est née ma mère, qui allait plus tard se marier avec un Basque, mon père, qui étudiait à l’université Cornell. Je suis né de ce mariage à New York en 1946. Depuis 1948 mes parents sont revenus vivre à Saint-Sébastien, et moi je vis maintenant à Bilbao.
    J'ai entendu ma mère dire que son père se plaisait à raconter que Darío avait habité dans cette pension, mais elle n’en sait pas plus, parce qu’alors elle n’était pas encore née. Je vois dans votre livre que Darío était arrivé à New York vers novembre 1914. C’est à dire qu’entre cette date et son départ, il peut avoir vécu dans plusieurs pensions. Je suppose que vous ne les avez pas toutes localisées, mais je vous écris au cas où.
    (Salutations)
    Iñaki Uriarte
    Je n’ai pas eu de réponse. Je suis parvenu à joindre Gibson au téléphone. Il était préoccupé parce qu’il venait de recevoir une accusation de plagiat pour un autre de ses livres. Il m’a suggéré de contacter un professeur de Madrid qui sait tout sur Darío. J’ai laissé tomber.

1 commentaire: