Je pense souvent au regretté Dominique Bonnet, mort subitement le premier janvier. Je pense à lui d’autant plus souvent que traîne encore sur le bureau de mon ordi, où je la vois chaque jour, la seule photo de lui que je possède. Il y est en compagnie d’une dame, qui doit être son épouse africaine. J’avais trouvé cette photo quelques jours après le décès. C’était pour moi une surprise, de découvrir ainsi les traits de ce correspondant que je connaissais mal, et que pour quelque raison j’avais toujours cru beaucoup plus jeune. Je me souviens de deux formules qu’il affectionnait sur Facebook, l’une pour ironiser sur des nouvelles que les médias jugeaient graves («Et soudain le drame»), l’autre pour accompagner la photo de nymphette japonaise en tenue légère qu’il diffusait chaque vendredi («Le vendredi c’est bikini»). Et lui est mort soudainement un vendredi. A l’époque j’ai regardé dans Facebook les traces qu’il y avait laissées récemment. Sur ma page une de ses dernières interventions avait été ce conseil de lecture, à propos de Jean Dutourd : «Le bon beurre sur l'Occupation est à lire, comme son essai sur Le Feld-Maréchal von Bonaparte.» Le hasard fait maintenant ressurgir, à propos du Capital de Marx, cette impression de lecture d'il y a cinq ans, que je me plais à recopier : «Le Capital est de la merde, surtout le Livre II. 1500 pages sur A-M-A et M-A-M, c'est chiant et répétitif. Le Livre II est ce que j'ai lu de plus chiant de ma vie. Le I passe encore, le III je suis resté bloqué dans les 200 pages de raisonnement sur la rente foncière anglaise. Marx est à chier comme économiste. Deux bouquins que je n'ai pas finis : le Tome III du Capital et le Veblen sur la Leisure class. Marx est par contre un excellent pamphlétaire et un journaliste intéressant. Tous ses pamphlets sur l'histoire politique française, ses notes sur l'Empire britannique, ça se lit très bien et c'est marrant. Marx est un excellent humoriste.»
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