Il est bien connu que les comédiens de nos jours contribuent volontiers à la science politique, et je viens de lire sur les réseaux cette citation attribuée au regretté Jean-Louis Trintignant : «Tous les grands progrès humains se sont faits avec la gauche, il ne faut quand même pas l'oublier.» Je n’en doute pas : la domestication du feu et du bétail, l’invention de la roue, de l’écriture, de la métallurgie, de l’imprimerie et de l’électricité, la découverte de l’Amérique et j’en passe, sont certainement l’œuvre exclusive du génie fertile de la gauche. Cette affirmation pleine de discernement me rappelle une autre citation, lue il y a quelques mois dans les mêmes parages et émanant d’un collègue de Trintignant, le non moins regretté Jean-Pierre Bacri : «Vous savez, je suis de gauche toute la journée, pas besoin d’être un héros pour ça : il me suffit de considérer l’intérêt général avant le particulier, de préférer le respect de l’individu aux lois du marché. Plus concrètement, d’essayer à chaque coin de rue d’être attentif à l’autre, à l’étranger, d’être tolérant.» Reconnaissons-le en toute modestie : la bonté, le désintéressement, la générosité, l’altruisme, la tolérance, la sollicitude, sont des vertus exclusives de la gauche, dont la droite ingrate est hélas dépourvue, la nature est ainsi faite. Quelle suffisance... On a parfois l’impression qu’à l’instar de monsieur Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir, l’homme de gauche est totalitaire sans en avoir la moindre conscience, il totalitarise comme il respire. Il se voit si parfait qu’il ne peut seulement concevoir que l’on puisse ne pas penser tout à fait comme lui. Lui seul est bon, l’expression «de droite» est pour lui synonyme de «méchant». Il est très ouvert à l’Autre, sauf quand l’Autre n’a pas les mêmes idées. Il adore la Différence, sauf sur le plan philosophique.
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