Je ne sais si j’aurai un jour lu en entier Le cabinet Lambda mais je suis reconnaissant à l’auteur, Paul Lambda, de m’avoir procuré cet imposant volume de plus de sept cents pages, paru il y a deux ans. Son long sous-titre annonce qu’il s’agit d’un recueil de «5014 citations à siroter, croquer, injecter ou infuser, tirées de livres, de films, et de deux trois passants, de beaucoup de morts et de quelques vivants» mais pas du compilateur lui-même («C’est mon meilleur livre car il n’est pas de moi») bien qu’il ait par ailleurs écrit des aphorismes. A vrai dire ce genre d’ouvrage ne demande pas à être lu in extenso, on peut l’ouvrir à n’importe quelle page et le butiner par petites prises. Aussi ai-je décidé de lui accorder un permis de séjour prolongé sur ma table de nuit et de le consulter épisodiquement, en alternance avec mes autres lectures. Il se présente sous la forme d’un dictionnaire, où les courtes citations sont données sous des entrées thématiques, disposées dans l’ordre alphabétique. Elles ne sont longues que de quelques phrases, souvent une seule. On y trouve tous les thèmes imaginables, et d’autres plus inattendus. La plus étonnante et minime, sur laquelle je sois tombé jusqu’à présent, est l’entrée Hmm, dont la citation se résume à «Hmm…» (Murakami). J’explore cette intéressante somme tantôt en la feuilletant au hasard, tantôt en passant par l’index des auteurs cités. Cet index permet d’apprécier l’étendue et la variété des lectures de Lambda, et de comparer ses goûts aux nôtres. Je remarque que certains de mes écrivains préférés en sont absents (Caraco, Ciry, Balfort…), que d’autres n’y apparaissent qu’une fois (Davila, de la Serna, Debord…), mais d’autres de mes chouchous sont bien représentés, comme Cioran. Certains auteurs, que je ne connaissais que de nom, sont si souvent cités qu’ils mériteraient quasiment le statut de co-auteurs, tels Eric Chevillard et Haruki Murakami. Je découvre à l’entrée Lecture cette citation de Charles Juliet : «Nombre de mes lectures ont été gâchées. Parce que j’étais trop avide. Ce que j’absorbais ne pouvait être assimilé.» C’est entendu : pas de précipitation, prenons notre temps…
Du même auteur dans “ L’horizon se fait attendre” on trouve des pépites comme:
RépondreSupprimerAlors ils ont fait l’amour mais le cœur n’y était pas.