lundi 30 décembre 2024

Gougleux

    Non seulement Bigleux Brother est persuadé que je suis parti m’installer à Libourne, mais il est de nouveau convaincu que Bob Dylan m’intéresse. Après m’avoir fichu la paix quelques mois à son propos, Google repasse à l’attaque et m’assène chaque jour deux nouveaux articles sur le sujet, dont je n’ai rien à foutre.

dimanche 29 décembre 2024

Frenk

    Mariana Frenk était née Marianne Freund en 1898 à Hambourg, dans une famille juive originaire de Bohême. Elle mourut à Mexico en 2004, à l’âge de 106 ans révolus. Dès son enfance elle étudia les langues, principalement l’espagnol mais aussi le français et le portugais, et la littérature. Elle devint Marianne Cohn en épousant en 1921 un médecin dont elle eut deux enfants, un fils en 1923 et une fille en 1925. Les époux décidèrent en 1929 de changer leur nom de famille en Frenk, et l’année suivante émigrèrent au Mexique, où ils se fixèrent définitivement et dont ils prirent la nationalité. Marianne hispanisa alors son prénom en Mariana. Au cours de sa longue carrière elle occupa divers emplois, dont des postes dans l’enseignement, et fut traductrice. Elle traduisit notamment les œuvres de Juan Rulfo en allemand, et les textes du critique et historien d’art Paul Westheim en espagnol. En 1959 elle épousa cet homme en secondes noces et signa dès lors Mariana Frenk-Westheim. Elle est l’auteur d’un livre intitulé Y mil aventuras, dans lequel elle a réuni tous les petits textes de création qu’elle avait écrits au cours de sa vie : aphorismes, notes et réflexions diverses, petits dialogues et contes, récits de rêves, souvenirs, etc. Cet ouvrage eut trois éditions de son vivant, la première chez Joaquín Mortiz en 1992, les suivantes, augmentées, à l’Universidad Autónoma Metropolitana en 1997 et chez Siglo XXI en 2001. Une édition posthume, plus complète encore, a paru en 2013 au Fondo de Cultura Económica sous le titre Aforismos, cuentos y otras aventuras. Je viens de parcourir cette dernière édition, très soigneusement préparée par une certaine Esther Janowitz et par la fille de Mariana, Margit Frenk, elle-même philologue, folkloriste et traductrice, et bien partie pour devenir centenaire comme sa mère. Dans ce recueil les 524 courts textes sont tous numérotés, les aphorismes venant en premier (numéros 1 à 385). J’ai le plaisir de publier dans ma Lettre documentaire n° 524 (quelle drôle de coïncidence numérique) les dix-huit aphorismes que j’ai le mieux aimés, certains pour leur noirceur cioranesque (123) ou leur frivolité inattendue (215), les autres pour les divers charmes que je leur ai trouvés. Je leur ai adjoint le bizarre conte minuscule Brévissime histoire d’amour (437), qui est parait-il la dernière chose que Mariana Frenk ait écrite.

Ld 524

Lettre documentaire n° 524.

DIX-HUIT APHORISMES et un mini-conte de Mariana Frenk


choisis dans le recueil de ses Aforismos, cuentos y otras aventuras (2013) et traduits en français par Philippe Billé


33. Le suicide est un acte lâche dont l’exécution requiert un grand courage.


43. Tard dans ma vie j’ai appris que les voisins, du simple fait d’être nos voisins, ne sont pas tous dignes de notre respect et de notre sympathie.


45. Une personne est honorable ou ne l’est pas. Mais dans la bassesse, il y a des degrés.


50. Le fait que tu te saches médiocre me convainc que tu ne l’es pas tant que ça.


51. Après l’effort que requiert la création d’un génie, la nature se repose et met au monde une ribambelle de médiocres.


77. L’élégance n’est pas mon idéal, dit l’hippopotame. 


79. (Pour une amie.) Comme tu serais belle, si tu ne le savais pas. 


82. Question d’actualité. Qui est le plus coupable : celui qui a inventé les armes chimiques, biologiques, nucléaires, etc, celui qui gagne de l’argent en les produisant, ou celui qui les utilise ?

 

91. C’est une consolation, de penser que les mères qui s’y connaissent en éducation des enfants ne s’y prennent pas plus mal que celles qui n’y connaissent rien. 


97. Combien tu y perds, si tu ne fais que vivre ta vie, sans la penser ! Combien tu y perds, si tu ne fais que penser ta vie, sans la vivre !


102. L’art de vivre, comme tous les arts, a sa technique, laquelle, comme n’importe quelle technique, peut s’apprendre. Le reste est talent. Tu nais avec, ou sans.


104. Tu te plains d’avoir semé toute ta vie, et que la récolte soit insignifiante. Comprends que les semailles sont une partie – une partie importante – de la récolte.


119. Dommage qu’il n’y ait pas qu’une seule façon de mourir, comme il n’y en a qu’une de naitre. Ce serait un apaisement pour notre imagination.


123. Malédiction – ou bénédiction ? – de l’humanité. Nous, hommes et femmes, tous condamnés à mort, nous procréons et nous mettons au monde de purs condamnés à mort.


215. Un ami dans le lit vaut mieux que dix maris en voyage. 


220. C’est vrai, l’art est un luxe, mais un luxe de première nécessité. 


282. L’homme est le résultat de ce qu’il est et de ce qui lui arrive, mais une part de ce qui lui arrive lui arrive parce qu’il est comme il est.


294. La Grèce, telle qu’elle apparaît dans le livre d’Untel, ressemble plus à la Patagonie vue par le même auteur qu’à la Grèce décrite par Telautre. Les pays ne sont pas aussi différents que les yeux qui les voient.


437. Brévissime histoire d’amour. Je marchais dans la rue. L’homme qui se tenait immobile au coin du trottoir me dit : «Chère Mademoiselle, Je suis resté à ce coin de rue sans interruption pendant sept semaines et trois jours, avec leurs nuits et avec toutes leurs minutes et secondes. Mais te voilà enfin. Allons-nous-en.» Je lui donnai la main et nous partîmes.

 

(Textes originaux : 33 : El suicidio es un acto cobarde para cuya ejecución se requiere gran valor. 43 : Tarde en la vida aprendí que no todos los vecinos, por el solo hecho de serlo, son dignos de nuestro respeto y de nuestra simpatía. 45 : Una persona es honrada o no lo es. En la vileza hay grados. 50 : El que sepas que eres mediocre me convence de que no lo eres tanto. 51 : Después del esfuerzo que supone crear a un genio, la naturaleza descansa, dando luz a muchos mediocres. 77 : La elegancia no es mi ideal, dijo el hipopótamo. 79 : (Para una amiga.) Qué bella serías si no lo supieras. 82 : Pregunta de actualidad. Quién es más culpable : el que inventó las armas químicas, biológicas, nucleares, etc, el que gana dinero con su fabricación o el que las utiliza ? 91 : Es un consuelo pensar que las madres que saben mucho de como educar a los hijos no lo hacen peor que las que no tienen idea. 97 : Cuánto te pierdes si sólo vives la vida, sin pensarla ! Cuánto te pierdes si sólo piensas la vida, sin vivirla ! 102 : El arte de vivir, como todas las artes, tiene su técnica, la cual, como cualquier técnica, se puede aprender. Lo demás es talento. Naces – o no – con él. 104 : Te quejas de haber sembrado toda tu vida y de que la cosecha sea raquítica. Comprende que la siembra es parte – una parte importante – de la cosecha. 119 : Lástima que no haya una sola manera de morir, como la hay para nacer. Sería un descanso para nuestra fantasia. 123 : Maldición – o bendición ? – de la humanidad. Nosotros, hombres y mujeres, todos condenados a muerte, procreamos y damos a luz a puros condenados a muerte. 215 : Un amigo en la cama es mejor que diez maridos de viaje. 220 : Es cierto, el arte es un lujo, pero un lujo de primera necesidad. 282 : El hombre es el resultado de lo que es y de lo que le sucede, pero parte de lo que le sucede le sucede porque es como es. 294 : Grecia, tal como aparece en el libro de Fulano, se parece más a la Patagonia vista por el mismo autor que a la Grecia descrita por Zutano. No son tan diferentes los países como los ojos que los ven. 437 : Brevísima historia de amor. Andaba yo por la calle. El hombre parado en la esquina me dijo : «Estimada señorita, he estado aquí, en esta esquina, sin interrupción, durante siete semanas y tres días con sus noches y con todos sus minutos y segundos. Pero ya llegaste. Vámonos.» Le di la mano y nos fuimos.)

samedi 28 décembre 2024

aforismos

    Je n’ai pas réussi non plus à m’intéresser aux Aforismos extraídos (extraits de ses poèmes) de Luis Rosales (Sevilla : Ediciones de la Isla de Siltolá, 2018), ni aux Aforismos e desaforismos de Aparício, de José Rodrigues Miguéis (Lisboa : Editorial Estampa, 1996). En revanche j’ai bien aimé certains de ceux de Mariana Frenk, dont je parlerai prochainement.

vendredi 27 décembre 2024

houx

Dans la banlieue de Bordeaux, au sud de la commune de Canéjan, au bord de la route de Bayonne, se trouve un bien nommé Lac Vert, créé il y a une trentaine d’années dans une carrière désaffectée. On peut y pratiquer la pêche, mais l’activité principale des visiteurs consiste à faire le tour du lac en marchant ou en courant, ce qui représente un circuit d’environ un kilomètre. On peut aussi emprunter un sentier forestier rectiligne partant du nord du lac en direction du nord-ouest. Au bout de deux ou trois cents mètres, ce sentier débouche sur une petite route bitumée, dite chemin de Camparian, menant à droite vers le bourg de Canéjan, à gauche vers Cestas. Lorsqu’on parcourt ce sentier forestier, on peut constater que les arbres poussant de part et d’autre sont principalement des houx. On traverse là une houssaie, un holly wood. Quand on va du lac vers le chemin de Camparian, on trouve à main droite, une vingtaine de mètres avant d’arriver à la route, un pied de houx d’une taille exceptionnelle. A vue d’œil il doit faire entre dix et quinze mètres de haut et l’on peut voir que la cime semble morte. Mais il étonne surtout par sa corpulence. J’ai mesuré le tronc à hauteur d’homme : la circonférence est de 2,20 mètres, ce qui donne un diamètre d’environ 70 centimètres, mensurations hors du commun pour cette espèce (Ilex aquifolium). J’indiquerai ici un autre itinéraire, si l’on veut rendre visite à cet arbre : partir de Canéjan vers Cestas par la petite route dite chemin de Camparian, se garer lorsqu’on trouve sur la droite la maison de repos l’Ajoncière, peu après s’ouvre sur la gauche le sentier forestier, où l’on trouvera à main gauche, à une vingtaine de mètres, ledit pied de houx. J’avais découvert ce géant il y a vingt ou vingt-cinq ans, lors d’une de mes premières promenades dans ces parages, où m’avait guidé mon coach. A l’époque j’ai voulu signaler ce spécimen à l’association ARBRES (acronyme d’Arbres Remarquables : Bilan, Recherche, Études et Sauvegarde). Cette association créée dans les années 90 repère et recense des arbres de France remarquables par leur grand âge, leur grande taille ou quelque autre qualité notable. Avec l’accord du propriétaire, elle attribue à l’arbre un label sans valeur juridique, mais qui contribue à la protection du spécimen en lui assurant un minimum de notoriété. Il me semble qu’alors, c’était avant l’usage du courrier électronique, on m’a communiqué l’adresse d’un ou deux correspondants départementaux, à qui j’ai écrit mais dont je n’ai pas eu de réponse, et je n’ai pas insisté. Depuis, évoquant parfois le cas en discutant avec des amateurs d’arbres, j’ai régulièrement songé recontacter l’asso, et je m’y suis enfin décidé au mois d’avril de cette année. On a répondu laconiquement à mon mail en m’envoyant un formulaire à remplir. C’est à cette occasion que j’ai pris la peine de mesurer l’épaisseur du tronc. En mai, un responsable m’a téléphoné de Bretagne, très aimable, jugeant le cas digne de labellisation. Restait à savoir ce qu’en dirait le propriétaire, en l’occurrence la commune, l’arbre se trouvant dans l’espace public. Elle réagit très froidement. Après quelques mails et coups de fil, on me fit savoir en juin que les autorités locales avaient connaissance de l'arbre, avaient pris des dispositions pour le protéger, et ne souhaitaient pas traiter avec l’association, à laquelle je transmis ce piètre résultat. Mon correspondant de Bretagne avoua redouter que ce houx ne reste un «arbre remarquable caché». Peu après, un mail du siège national m’informait que l’on ne s’intéressait plus à ce candidat. Eh bien, j’aurai entrepris cette démarche en vain. L’essentiel est que cet arbre ne semble pas menacé. Et puis, cela m’a donné la matière pour une note de journal...


jeudi 26 décembre 2024

superstition

    Une nouvelle superstition anti-raciste, qui gagne du terrain, consiste à estimer que le racisme n’est pas seulement l’hostilité ou le mépris envers les gens de telle race, mais aussi le simple fait de créditer le concept de race, de croire qu’il existe en effet quelque chose comme différentes races humaines. Cela pose un sérieux problème de raisonnement, car si les races n’existent pas, on se demande à quoi rime la notion de racisme. Mais certains se contentent de cette logique boiteuse, voire s’y complaisent. Ce progrès de la jobardise intellectuelle laisse prévoir pour bientôt des démonstrations du genre : Il était antisémite, il croyait que les Juifs existaient...

lundi 23 décembre 2024

Malagar

    Une note d’Alain Finkielkraut lue le mois dernier dans son L’imparfait du présent avait attiré mon attention sur le petit livre de Lucienne Sinzelle, Mon Malagar (Gallimard, 2001), qu’il qualifiait de « récit simple et splendide ». Je ne saurais mieux dire. Cette dame a vécu presque toute son enfance, à l’âge de deux à quatorze ans, soit les années 1929 à 1941, dans la propriété des Mauriac, Malagar, où ses parents étaient employés comme ouvriers agricoles, et sommairement logés dans une dépendance sans eau ni électricité. Elle y a connu quelques joies mais surtout les rudesses de l’inconfort et des corvées auxquelles elle était astreinte. Les Mauriac (François, sa dame, et leurs quatre enfants, deux fils et deux filles) ne venaient qu’en été passer leurs vacances dans cette maison de campagne du sud de la Gironde, près de Saint-Macaire et Langon. Lucienne avait peu de contacts avec les membres de la famille, sauf avec un des fils, Jean, qui jouait chaque jour avec elle et avec son frère Lulu, son aîné de deux ans. Elle était secrètement amoureuse de Jean mais ne le lui avoua jamais, et elle perdit les Mauriac de vue quand ses parents changèrent d’employeurs. Plus tard elle devint aide-soignante. A la fin du siècle, déjà retraitée, elle découvrit par hasard dans l’hebdomadaire Bonnes soirées des extraits du livre que Jean Mauriac venait de consacrer à Malagar (Editions Sables, 1998). Elle reprit alors contact avec lui, évoquant dans ses lettres nombre de souvenirs, si bien que le journaliste lui proposa de réunir ces matériaux dans un livre. C’est ainsi qu’est né ce Mon Malagar, qui conserve le ton de la correspondance, la dame s’y adressant plusieurs fois nommément à son ancien camarade. Elle y raconte les travaux et les jours, ses joies et ses peines, avec quelques scènes hautement dramatiques, puisqu’elle fut un beau jour violée par son père alcoolique, qui devait par la suite tenter de se suicider, puis y parvenir. Je ne sais si Lucienne Sinzelle, qui n’était pas du métier, s’est fait aider pour écrire ce livre, mais il est vraiment réussi. (La seule petite erreur que j’aie remarquée, p 128 : le quartier sur l’autre rive de Bordeaux n’est pas la Bastille mais la Bastide). L’écrivaine tardive a une manière délicate et précise de dire tout sans en dire trop, qui est remarquable, et cette lecture m'a beaucoup plu.

dimanche 22 décembre 2024

Lucie

    Ayant pris ces derniers temps l’habitude d’aller travailler dans mes bois les deux dernières heures du jour, j’ai pu vérifier de visu l’adage selon lequel à la Sainte-Luce, le jour allonge d’un saut de puce. C’est en effet à partir du 13 décembre, fête de sainte Lucie de Syracuse, que le soleil recommence à se coucher un peu plus tard. Malgré quoi la longueur totale du jour continue de raccourcir jusqu’au solstice (20-22 décembre), car le retard du soleil à se lever le matin est supérieur à son retard au coucher. (Ce retard du matin se prolonge paraît-il jusqu’au 6 ou 7 janvier). Ce n’est donc pas par hasard que l’on fête ce jour-là sainte Lucie, la lumière, puisqu’on y voit dès lors un peu plus tard pour pouvoir scier des branches en fin de journée. Encore cela dépend-il du temps qu’il fait, le ciel étant naturellement moins lumineux quand il est couvert. 

(Note en écho à un échange avec Jean Ruaud).

samedi 21 décembre 2024

miséricorde

    Encore un mot sur L’Arabe du futur 6, pour signaler vers la fin de l’ouvrage (p 173) cette curieuse conversation entre l’auteur Riad Sattouf et son frère Fadi, tout juste rentré de Syrie des années après avoir été enlevé par leur père, maintenant mort. Riad se demande comment le père, jadis laïc et progressiste («l’Arabe du futur») mais devenu très religieux, pouvait ne pas craindre que Dieu l’envoie en enfer pour le punir d’avoir ainsi plongé la famille et notamment la mère dans des années d’angoisse ? Fadi explique que « Dieu était miséricordieux avec les croyants : il pouvait pardonner leurs erreurs, mais était sans pitié avec ceux qui ne croyaient pas en lui ». Riad en déduit que « Donc un croyant méchant, assassin, avait une chance d’aller au paradis, alors qu’un athée qui avait fait le bien toute sa vie, lui, allait forcément en enfer ? » A quoi Fadi répond vaguement « Peut-être, oui, je ne sais pas... » et la discussion en reste là. En voyant ainsi exposé le point de vue fanatique, consistant à juger la foi plus importante que la bonté, comment ne pas songer aux infatigables mahométans qui chaque jour assaillent et assomment de l’infidèle en clamant la grandeur de leur dieu ? Riad se garde prudemment d’insister, mais au moins a-t-il jugé l’échange assez intéressant pour l’intégrer dans son récit.

jeudi 19 décembre 2024

Sattouf

Deux ans après sa parution, j’ai enfin pu lire le sixième et dernier volume de L’arabe du futur, qui m’a beaucoup plu, comme les précédents. Celui-ci porte sur les années 1994-2011, soit pour l’auteur Riad Sattouf la fin de son adolescence et le début de sa vie d’adulte. Il raconte ses relations avec sa mère angoissée, son frère cadet et ses grands-parents, ses communications intermittentes avec son autre frère enlevé par leur père en Syrie, ses difficultés psychologiques, ses études et sa formation, ses contacts et son lancement dans la carrière de dessinateur professionnel, l’arrivée d’un succès mérité, etc. Je ne suis toujours pas fan de son style de dessin (et je n’ai toujours pas trouvé, s’il existe, l’adjectif désignant ce style de dessin de comics, aux traits schématiques et disproportionnés) mais lui explique deux fois (p 56 et 120) que c’est un choix personnel, au lieu du dessin réaliste dont il est aussi capable, et dont il donne un exemple en couverture avec le portrait de Bachar el-Assad. Mais enfin ce style présente l’intérêt d’être facile à décoder et propre à traduire efficacement les sentiments des personnages. La force principale de l’ouvrage tient à la qualité du récit : la teneur autobiographique et son effet de réalité, le protagoniste dont les épreuves inspirent la sympathie, le grand talent du conteur qui fait qu’on ne s’ennuie pas un instant. J’y ajouterais le choix judicieux de scènes secondaires, qui auraient pu ne pas figurer dans le récit général, mais sont des témoignages valables sur la vie réelle et contribuent à l’intensité dramatique. Ainsi les agressions verbales et physiques de la part de racailles archétypiques, dont l’auteur est victime sur la voie publique (p 58 et 63) ou les deux épisodes d’extorsion qui se font écho (l’achat forcé de son blouson p 51 et les sacs de patates que les grands-parents se font fourguer par un démarcheur menaçant p 66-67). Sattouf a l’habileté de livrer ces scènes sordides sans les commenter, nous laissant en juger. Il annonce p 139 qu’il commence à songer à cette saga dessinée, mais qu’il n’a pas encore trouvé le bon angle et qu’il lui manque une fin. Entre temps il s’est mis à l’œuvre, et ce dernier volume se clot sur une belle grande image (pleine page), une vue assez réaliste des quais de la Seine à Paris, après un récit de rêve qui fournit en effet une bonne fin.

mercredi 18 décembre 2024

actualités

    Vu la nature des Actualités locales qu’ils me proposent ces temps-ci, les experts de Google sont visiblement persuadés que je viens de déménager pour m’installer dans le Libournais. Mais peu importe, en ce moment les plus intéressantes sont les actualités d’ailleurs.

    Après avoir annoncé qu’à Mayotte un cyclone venait de faire des centaines, si ce n’est des milliers de morts, les journaux avouent ce matin qu’ils n’ont en fait aucune idée du nombre de victimes.

    Des nouvelles de la douceur féminine avec cette fusillade dans une école du Wisconsin : deux morts, six blessés. L’auteur de la tuerie est une ado de quinze ans qui entendait ainsi lutter contre le patriarcat, et s’est ensuite suicidée. La gauche (la vraie, l’indécrottable) en profite pour exiger l’interdiction des armes à feu, après avoir applaudi la semaine dernière le marxiste cinglé qui a assassiné le directeur d’une compagnie d’assurance en lui tirant courageusement dans le dos, en pleine rue.

    Autre joli cas de pourriture humaine en Caroline de Nord, où la strip-teaseuse noire Crystal Mangum avoue, dix-huit ans après avoir accusé trois jeunes hommes blancs de l’avoir violée, qu’elle avait tout inventé. Elle-même est en prison depuis 2013 pour avoir tué un autre gars à coups de couteau.

    Mais enfin il n’y a pas que de mauvaises nouvelles. En Azerbaïdjan un street-artiste français, qui salopait des wagons de métro avec ses tags, s’est pris trois ans de taule. Il a eu ce qu’il avait cherché.

mardi 17 décembre 2024

dimanche 15 décembre 2024

sentier

 

    Il y a des mois, peut-être plus d’un an, un rural du coin a coupé je ne sais où de grandes branches de chêne et s’en est débarrassé en les entassant en bordure de champ à un endroit qui me gênait, à la lisière d’une de mes parcelles de bois. Cela formait un grand tas de branchage, haut comme un homme et long comme deux, bien emmêlé, probablement poussé par une machine. J’attendais de voir et je m’y suis mis récemment, pendant deux semaines j’y ai passé chaque jour une ou deux heures, les dernières avant le coucher du soleil. Peu à peu j’ai pu tout démêler, trier, scier en bûches et en bûchettes les bouts que je voulais garder, dont les plus gros passaient dix centimètres de diamètre. Au fil des jours je me suis avisé que de toutes mes parcelles c’est la seule où, à cet endroit, le côté sud le long du champ, je n’ai pas tracé mon sentier de ronde près de la lisière mais à plusieurs mètres de là. Je ne sais plus pourquoi j’avais fait comme ça, peut-être découragé par la densité de la broussaille, ici principalement des lianes de troène et de ronce. Mais du coup je m’y suis mis, c’est plus pratique en cette saison où la végétation est moins vive, j’ai ouvert un passage. Cette trouée me plait, j’espère qu’elle sera facile à maintenir propre au printemps, en attendant je la contemple et j’y passe.

samedi 14 décembre 2024

massacres

    Les grandes horreurs politiques du vingtième siècle, en trois toponymes : Auschwitz, Hiroshima, la Kolyma. Auschwitz rafle la mise des retombées mémorielles, bien que la Kolyma ait massacré plus amplement et plus longuement. Hiroshima n’a eu qu’une carrière-éclair, mais avec un brio technique incomparable : ses 100.000 morts à la seconde donnent aux concurrents l’air de bricoleurs.

vendredi 13 décembre 2024

vignettes

    A la caisse d’Inter, hier après-midi à Beauvoir. La dame d’un certain âge, qui me précède, a fini de faire enregistrer ses achats, quand celle qui me suit lui lance : Maman, tu prendras les vignettes. Je comprends que je me trouve entre la mère et la fille. Machinalement je me retourne vers celle-ci, qui sourit d’un air gêné et se croit tenue de m’expliquer que c’est pour pouvoir procurer je ne sais quoi à ses enfants. Un peu plus tard, mon tour venu, la caissière me propose également des vignettes. D’ordinaire je dis non mais cette fois j’accepte, et avant de partir je les tends à la dame derrière moi, surprise et ravie. Un petit geste aimable est toujours bienvenu.

jeudi 12 décembre 2024

correspondance

Vie sociale

    Le jeudi 05/12/2024 à 06:39, Philippe Billé a écrit :

    Madame,

    J’ai eu l’honneur de servir à la Bibliothèque universitaire pendant près de trente ans, de 1993 à mon départ à la retraite en 2021, et je reste un usager fidèle de l’établissement.

    Je m’adresse à vous pour essayer d’éclaircir un mystère.

    Je m’étais abonné à la page Facebook de la Bu, j’ai récemment découvert que je ne l’étais plus. Lorsque je clique sur l’icône Fb dans la partie Bibliothèques du site de l’UBM, un message automatique me signale que « ce contenu n’est plus disponible » (This content isn't available right now).

    J’ai d’abord cru, comme le message semble indiquer, que ladite page Fb était en dérangement, ou peut-être supprimée. Mais j’ai pu constater depuis, auprès d’ex-collègues, qu’elle reste parfaitement disponible pour les autres usagers.

    Cela n’est pas bien grave, mais tout de même fâcheux.

    Sauriez-vous me dire si cette anomalie est due à quelque problème technique, ou si je suis intentionnellement tenu à l’écart de ce contenu ? Quelle en est l’explication ?

    Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame, mes sincères salutations.

    Philippe Billé


    Réponse, le 06/12/2024 à 17:57 :

    Monsieur

    Suite à un commentaire jugé inadmissible par la direction de la communication et la cellule juridique de l'établissement en lien avec une publication sur un événement autour des récits de féminicides organisé à la bibliothèque en mars dernier, nous avons bloqué votre compte.

    Nous le réactivons à compter de ce jour.

    Je vous remercie de veiller dorénavant à modérer les propos que vous y publiez publiquement.

    Je vous prie d'agréer, monsieur, mes sincères salutations.

    ***, Directrice.


    Epilogue

    Eh bien, je suis au moins reconnaissant à Madame la Directrice d’avoir pris la peine de me répondre, même si elle n’a éclairci qu’en partie le mystère que je lui signalais. Son mail m’apprend :

- qu’en effet, comme on pouvait s’en douter, j’ai été bloqué par le ou les reponsables de la page Fb de la Bu,

- que cette exclusion remontait à mars, signe que je n’en souffrais pas trop, s’il m’a fallu tout ce temps pour m’en rendre compte,

- que la sanction était motivée par un mien commentaire «en lien avec une publication sur un événement autour des récits de féminicides»,

- et qu’elle approuve la procédure, allant même jusqu’à me sermonner.

    Par contre elle n’apporte pas plus de précision quant à la publication en question, dont je n’ai aucun souvenir, et se garde bien, peut-être pour s’épargner le ridicule, de rapporter mon commentaire, dont je n’ai aucun souvenir non plus.

    Pour ma part je me rappelle avoir parfois salué d’un pouce bleu les annonces de ladite page quand elles me paraissaient louables, et d’avoir parfois usé de l’icône de rigolade quand je les trouvais risibles, notamment quand elles étaient chargées d’idéologie partisane. Mais en l’occurrence, n’ayant aucun souvenir du commentaire « jugé inadmissible » que j’ai « publié publiquement », je continue d’ignorer de quel blasphème, de quel délit d’opinion, de quel crime de lèse-suffragette je me suis rendu coupable.

    Bizarrement l’affaire semble à la fois si grave, que l’on a alerté la cellule juridique (rien que ça !) et en même temps assez bénigne pour que l’on réactive mon compte sans barguigner (on se demande alors pourquoi).

    De mon côté, quand je considère le type de mentalité à l’œuvre derrière ces agissements, cette façon de préférer la censure à la discussion, le procédé sournois et mesquin consistant à saquer quelqu'un sans mettre en garde et sans informer la personne visée, qui plus est s’agissant d’un ex-collègue, je préfère ne pas dire ce que j’en pense, pour rester dans les limites de la courtoisie.

         Bon. Parlons d’autre chose.

mardi 10 décembre 2024

pension

    Halte au misérabilisme. Je tiens à corriger une information inexacte que j’ai publiée en avril, affirmant de bonne foi que ma pension mensuelle, après augmentation, était passée à 673 euros. Cela ne fut vrai qu’au mois de janvier. En réalité, cette pension étant l’addition des versements de trois caisses différentes, et ladite augmentation n’ayant pas eu lieu en même temps dans toutes, je palpe chaque mois depuis février la somme de 702 euros, ce qui n’est quand même pas la même chose. Je viens de m’en apercevoir parce que la préparation d’un dossier m’a obligé à mettre le nez dans mes papiers, chose que je faisais volontiers jadis mais dont j’ai maintenant horreur. A part ça mon point de vue reste le même : je ne me plains pas de mon sort, je suis bien aise que l’on me paye ainsi, même chichement, mais à ne rien faire, alors que je n’ai pas conscience d’avoir fait grand chose pour le mériter, et considérant de toute façon qu’a priori rien ne m’est dû, sauf le respect. Je ne trouve pas ma vie misérable, à certains égards elle me paraît même luxueuse, je prise la tranquillité de la vie rurale, les hordes d’opprimés vindicatifs n’ont pas encore envahi mon bled, où j’ai relativement la paix et je ne suis pas contraint de vivre en étage, comme la plupart des gens qui habitent en ville. Donc pour l’instant, ça va.

dimanche 8 décembre 2024

Jiménez

Lettre documentaire n° 523.

APHORISMES de Juan Ramón Jiménez,

choisis et traduits par Philippe Billé.


L’écrivain espagnol Juan Ramón Jiménez (1881-1958), prix Nobel de littérature en 1956, année insigne à bien des égards, a publié principalement des recueils de poèmes, et quelques livres en prose. Il a par ailleurs écrit tout au long de sa vie des milliers d’aphorismes, dont seulement quelques uns ont paru ici et là de son vivant. En 1990, reprenant un projet envisagé par Jiménez, le professeur Antonio Sánchez Romarelo a publié chez Anthropos Editorial, à Barcelone, sous le titre Ideolojía, la somme quasi complète d’environ quatre mille de ces aphorismes, ordonnés et numérotés dans un ensemble complexe de sections et de sous-sections chronologiques et thématiques. La plupart de ces pensées sont des règles de vie et de travail. En 2018 les Ediciones de La Isla de Siltolá, à Séville, ont fait paraître, sous le titre Aforismos e ideas líricas, un choix de quelque huit cents aphorismes, extraits de l’édition de 1990 par José Luis Morante. Je viens de lire ce dernier recueil de pensées, qui ne sont pas toutes à mon goût, car il en est beaucoup que j’ai trouvées obscures, ou fausses, ou banales, ou pompeuses, ou répétitives, mais j’ai le plaisir de présenter ci-dessous les deux douzaines de celles qui m’ont le plus intéressé, et que j’ai traduites en français. (J’indique pour chacune le numéro de la page où on peut les retrouver dans l’édition citée).


(Page 33)  Voyager est un remède possible à la foi. Le doute, pas besoin de le soigner, ce n’est pas une maladie.


(61)  N’importe où les gens rient, soyez sûr qu’il y a de quoi pleurer.


(81)  Pour lire beaucoup de livres, en acheter peu.


(88)  Faites bien y compris les plus petites choses sans transcendance apparente.


(91)  Dans la maison silencieuse, celui qui entre baisse la voix. Maintenez les maisons silencieuses.


(94)  Des paravents et des miroirs. La vie.


(100)  Le style n’est pas la plume, ni l’aile, mais le vol.


(104)  Pas un jour... sans effacer une ligne, ni sans déchirer un papier.


(121)  Je m’espionne moi-même.


(131)  L’art est la science de la beauté.


(138)  Souvent la beauté des mères se convertit en laideur des fils, et la laideur des pères en charme des filles.


(143)  La délicatesse est la main droite de l’intelligence.


(143)  Comme le bruit complique tout. C’est un hôte si dérangeant, si palpable, si désordonné, si sale, si sot.


(147)  Bibliothèque : il n’est pas nécessaire de lire tous les livres, ni tout un livre, mais de lire dans tous les livres.


(169)  Le chien aboie contre son ombre et son écho lui répond.


(170)  Tous les matins je vais à la plage du hier et je n’y ramasse que ce qui a été laissé par la mer de la nuit, enflammé par l’aurore.


(175)  Une pensée qui ne traverse pas le mur de la nuit, laisse-la dans la basse-cour de la veille.


(176)  Les idées aussi ont leurs paysages.


(177)  Travailler sans relâche. A quoi, comment, peu importe.


(179)  Le grand plaisir de ma vie est d’attraper un morceau de pensée et de l’entrainer hors du chemin pour le contempler, le dévorer.


(182)  Méfiez-vous d’une poésie qui, pour être appréciée, doive être analysée.


(198)  La poésie inférieure gagne à être déclamée, amplifiée pour les oreilles, et non vue. La supérieure y perd, elle gagne à être lue en silence avec les yeux.


(202)  Quand tu entendras parler de quelqu’un qui dit du mal du rossignol, va voir qui c’est. Tu trouveras à coup sûr un corbeau ou une poule.


(208)  J’ai travaillé avec la terre et avec le feu, avec l’eau et avec l’air. Comme eux j’ai été fort, fou, musical ou léger.


(Textes originaux. Page 33 : Viajar es un remedio posible para la fe. La duda no hay para qué curarla, no es una enfermedad. 61 : Donde quiera que la jente se esté riendo, tened la seguridad de que hay algo que llorar. 81 :  Para leer muchos libros, comprar pocos. 84 : La mentira es muchas veces madrina de la verdad (Je renonce à traduire celle-ci à cause du problème mentira / mensonge). 88 : Haced bien hasta las más pequeñas cosas sin trascendencia aparente. 91 : En la casa en silencio, el que entra baja la voz. Tened las casas en silencio. 94 : Biombos y espejos. La vida. 100 : Estilo no es pluma, no es ala, sino vuelo. 104 : Ningún día... sin borrar una línea y sin romper un papel. 121 : Soy un espía de mí mismo. 131 : El arte es la ciencia de la belleza. 138 : La belleza de las madres suele convertirse en fealdad en los hijos y la fealdad de los padres en gracia de las hijas. 143 : La delicadeza es la mano derecha de la inteligencia. 143 : El ruido, cómo lo complica todo. Qué huésped tan molesto, tan tanjible, tan desordenado, tan sucio, tan necio es. 147 : Biblioteca : no es necesario leer todos los libros, ni todo un libro, sino leer de todos los libros. 169 : Ladra el perro a su sombra y le responde su eco. 170 : Cada mañana voy a la playa del ayer y recojo (sólo) lo depurado por la mar de la noche, lo encendido por la aurora. 175 : Pensamiento que no atraviese el muro de la noche, déjalo en el corral de las gallinas de la víspera. 176 : Las ideas tienen también sus paisajes. 177 : Trabajar sin descanso. En qué, cómo, eso importa menos. 179 : El deleite mayor de mi vida es cojer un pedazo de pensamiento y llevármelo a un lado del camino a contemplarlo, a devorarlo. 182 : Desconfiad de una poesía que, para gustar, tiene que ser analizada. 198 : La poesía inferior gana declamada, aumentada a los oídos, no vista. La superior pierde así : gana leída en silencio con los ojos. 202 : Cuando sepas de alguno que habla mal del ruiseñor, ve a verlo. Seguramente te encontrarás con un grajo o una gallina. 208 : He trabajado con tierra y con fuego, con agua y con aire. Como ellos, he sido fuerte, loco, musical o leve.)

samedi 7 décembre 2024

news

    Il a fait chaud le 26 novembre dans le Sud-Ouest de la France, à cause du vilain changement climatique. Si chaud que Google News ne s’en est toujours pas remis et continue de me resservir quotidiennement, encore ce matin onze jours après, un article du Guardian sur le sujet. Dans la même section Your topics figure une autre dépêche, ayant pour thème Horoscope today : astrological prediction for December 7, 2024. Juste au-dessous de ces nouvelles se trouve la très sérieuse section Fact check. Section dans laquelle, comme j’ai déjà remarqué, l’horoscope n’est jamais soumis à vérification...

vendredi 6 décembre 2024

Eaerpone

    J’ai rêvé que le premier nom d’Amérindien que l’on ait connu, ou retenu, était Eaerpone. Je ne saurais dire où mon pauvre cerveau est allé chercher ça. Tout de même, une fois revenu sur terre, je vérifie à tout hasard ce nom dans Google, qui naturellement l’ignore, et me propose à la place Earphone, l’Ecouteur. Cela ne mène à rien. Mais du coup je me demande, car je l'ignore, quel est réellement le premier nom propre individuel d'outre-Atlantique, à avoir été enregistré dans la documentation européenne...

mardi 3 décembre 2024

aforismos

    Encore des déceptions dans mes lectures d’aphorismes ibéro-américains. Je n’ai rien trouvé qui m’intéresse dans Si todos los hombres... Aforismos, de l’écrivain argentin José Narosky (Buenos Aires : Planeta, 1997), ni dans les Observaciones y aforismos, de son confrère vénézuélien José Balza (Caracas : Fundación Polar, 2005). Et presque rien dans les Aforismos para o povo instruído, du journaliste et poète brésilien Ascendino Leite (João Pessoa : Editora Idéia, 1998). Peut-être cette remarque cynique : Mourir, c’est rentrer à la maison (Morrer é voltar para casa, p 11), suggérant que la vie n’est qu’une brève excursion hors du néant infini qui nous précède et nous succède. J’ai été intrigué par sa réflexion de la p 17 : «Civilizados são os que viajam. Eles são a novidade do mundo», c’est à dire Les civilisés sont ceux qui voyagent, ils sont la nouveauté du monde. A qui pensait-il en écrivant cela ? Aux découvreurs de la Renaissance ? Aux visiteurs nord-américains ou européens qui vont faire du tourisme ou participer à des congrès au Brésil ? En tout cas, vus d’ici, les voyageurs n’inspirent pas tous un tel optimisme. Mais chacun voit midi, n’est-ce pas...

lundi 2 décembre 2024

dimanche 1 décembre 2024

branchage

    Une question que je me pose, en nettoyant les arbres à piquants : ces branches, ces branchettes d’aubépine (épine blanche) et de prunellier (épine noire), ces tiges de ronce ou d’églantier, une fois coupées, si je les laisse trainer au sol ici et là, sont-elles pas autant de chausse-trapes où les bêtes se blesseront ? Les bêtes ou moi-même, les plus pointues épines m’ont percé des semelles. Ces rameaux et fragments je les entasse pour les rendre plus visibles, et j’installe ces tas de préférence hors du passage, par exemple dans l’espace entre des troncs rapprochés. Quant aux branches non épineuses, les plus nombreuses, en général je scie en bûches et en bûchettes leurs parties les plus épaisses, tout ce qui est trop gros pour être coupé au sécateur. Le fagot j’en rapporte parfois un peu chez moi, celui de meilleure qualité, le reste je le laisse à pourrir sur place, en tas également, pour ne pas avoir des branches dispersées qui encombrent l'espace et gênent la marche. Les parties les plus fines, les extrémités, quand j’ai le temps je les débite au sécateur, en petits tronçons pas plus longs qu’un doigt. Ils s’éparpillent sur le sol et en font partie dès qu’ils le touchent. Le ménage de la maison m’ennuie autant que celui des bois me délasse, je ne saurais dire à quoi cela tient mais c’est ainsi.