dimanche 29 décembre 2024

Ld 524

Lettre documentaire n° 524.

DIX-HUIT APHORISMES et un mini-conte de Mariana Frenk


choisis dans le recueil de ses Aforismos, cuentos y otras aventuras (2013) et traduits en français par Philippe Billé


33. Le suicide est un acte lâche dont l’exécution requiert un grand courage.


43. Tard dans ma vie j’ai appris que les voisins, du simple fait d’être nos voisins, ne sont pas tous dignes de notre respect et de notre sympathie.


45. Une personne est honorable ou ne l’est pas. Mais dans la bassesse, il y a des degrés.


50. Le fait que tu te saches médiocre me convainc que tu ne l’es pas tant que ça.


51. Après l’effort que requiert la création d’un génie, la nature se repose et met au monde une ribambelle de médiocres.


77. L’élégance n’est pas mon idéal, dit l’hippopotame. 


79. (Pour une amie.) Comme tu serais belle, si tu ne le savais pas. 


82. Question d’actualité. Qui est le plus coupable : celui qui a inventé les armes chimiques, biologiques, nucléaires, etc, celui qui gagne de l’argent en les produisant, ou celui qui les utilise ?

 

91. C’est une consolation, de penser que les mères qui s’y connaissent en éducation des enfants ne s’y prennent pas plus mal que celles qui n’y connaissent rien. 


97. Combien tu y perds, si tu ne fais que vivre ta vie, sans la penser ! Combien tu y perds, si tu ne fais que penser ta vie, sans la vivre !


102. L’art de vivre, comme tous les arts, a sa technique, laquelle, comme n’importe quelle technique, peut s’apprendre. Le reste est talent. Tu nais avec, ou sans.


104. Tu te plains d’avoir semé toute ta vie, et que la récolte soit insignifiante. Comprends que les semailles sont une partie – une partie importante – de la récolte.


119. Dommage qu’il n’y ait pas qu’une seule façon de mourir, comme il n’y en a qu’une de naitre. Ce serait un apaisement pour notre imagination.


123. Malédiction – ou bénédiction ? – de l’humanité. Nous, hommes et femmes, tous condamnés à mort, nous procréons et nous mettons au monde de purs condamnés à mort.


215. Un ami dans le lit vaut mieux que dix maris en voyage. 


220. C’est vrai, l’art est un luxe, mais un luxe de première nécessité. 


282. L’homme est le résultat de ce qu’il est et de ce qui lui arrive, mais une part de ce qui lui arrive lui arrive parce qu’il est comme il est.


294. La Grèce, telle qu’elle apparaît dans le livre d’Untel, ressemble plus à la Patagonie vue par le même auteur qu’à la Grèce décrite par Telautre. Les pays ne sont pas aussi différents que les yeux qui les voient.


437. Brévissime histoire d’amour. Je marchais dans la rue. L’homme qui se tenait immobile au coin du trottoir me dit : «Chère Mademoiselle, Je suis resté à ce coin de rue sans interruption pendant sept semaines et trois jours, avec leurs nuits et avec toutes leurs minutes et secondes. Mais te voilà enfin. Allons-nous-en.» Je lui donnai la main et nous partîmes.

 

(Textes originaux : 33 : El suicidio es un acto cobarde para cuya ejecución se requiere gran valor. 43 : Tarde en la vida aprendí que no todos los vecinos, por el solo hecho de serlo, son dignos de nuestro respeto y de nuestra simpatía. 45 : Una persona es honrada o no lo es. En la vileza hay grados. 50 : El que sepas que eres mediocre me convence de que no lo eres tanto. 51 : Después del esfuerzo que supone crear a un genio, la naturaleza descansa, dando luz a muchos mediocres. 77 : La elegancia no es mi ideal, dijo el hipopótamo. 79 : (Para una amiga.) Qué bella serías si no lo supieras. 82 : Pregunta de actualidad. Quién es más culpable : el que inventó las armas químicas, biológicas, nucleares, etc, el que gana dinero con su fabricación o el que las utiliza ? 91 : Es un consuelo pensar que las madres que saben mucho de como educar a los hijos no lo hacen peor que las que no tienen idea. 97 : Cuánto te pierdes si sólo vives la vida, sin pensarla ! Cuánto te pierdes si sólo piensas la vida, sin vivirla ! 102 : El arte de vivir, como todas las artes, tiene su técnica, la cual, como cualquier técnica, se puede aprender. Lo demás es talento. Naces – o no – con él. 104 : Te quejas de haber sembrado toda tu vida y de que la cosecha sea raquítica. Comprende que la siembra es parte – una parte importante – de la cosecha. 119 : Lástima que no haya una sola manera de morir, como la hay para nacer. Sería un descanso para nuestra fantasia. 123 : Maldición – o bendición ? – de la humanidad. Nosotros, hombres y mujeres, todos condenados a muerte, procreamos y damos a luz a puros condenados a muerte. 215 : Un amigo en la cama es mejor que diez maridos de viaje. 220 : Es cierto, el arte es un lujo, pero un lujo de primera necesidad. 282 : El hombre es el resultado de lo que es y de lo que le sucede, pero parte de lo que le sucede le sucede porque es como es. 294 : Grecia, tal como aparece en el libro de Fulano, se parece más a la Patagonia vista por el mismo autor que a la Grecia descrita por Zutano. No son tan diferentes los países como los ojos que los ven. 437 : Brevísima historia de amor. Andaba yo por la calle. El hombre parado en la esquina me dijo : «Estimada señorita, he estado aquí, en esta esquina, sin interrupción, durante siete semanas y tres días con sus noches y con todos sus minutos y segundos. Pero ya llegaste. Vámonos.» Le di la mano y nos fuimos.)

5 commentaires:

  1. Hum, ces aphorismes sont ternes.

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  2. Les 77 et 79 me plaisent beaucoup (surtout venant d’un « genre 1 » comme on doit [forcément, sous peine de mort] dire de nos jours…)
    La 97 est en « chiasme » : à creuser.
    La 294 vaut le détour (comme on dit dans les guides touristiques).
    Bonne fin d’année à vous, maître Billé.

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  3. Bardzo podoba mi się 215 !

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